
Se Défaire de la Vérité : Avis
L’année 2024 est-elle l’année du deathcore ? Le sous-genre, jadis moqué pour ses clichés, semble plus puissant que jamais, porté par des sorties exceptionnelles comme celles de WHITECHAPEL et SHADOW OF INTENT, et par les promesses de nouvelles pépites de LORNA SHORE et DESPISED ICON. Parmi ces nouveaux mastodontes, SIGNS OF THE SWARM, le quatuor américain, se hisse au sommet grâce à une persévérance et un dévouement sans faille. Après un début plus discret en 2016, le groupe de Pittsburgh a constamment progressé, chaque album étant plus percutant que le précédent. De « The Disfigurement of Existence » (2017) à l’excentrique et glitch « Absolvere » (2021), en passant par le sombre et macabre « Amongst The Low & Empty », ils se sont imposés comme l’un des groupes les plus inventifs et charismatiques de la scène.
« To Rid Myself of Truth » , leur sixième album, semble être leur affirmation la plus significative à ce jour, et certainement leur plus lourd. La preuve de leur envergure se trouve dans la présence de figures imposantes du deathcore : Will Ramos de LORNA SHORE et Phil Bozeman de WHITECHAPEL, prêchant leur gospel cacophonique. Leurs collaborations ajoutent une dimension supplémentaire à ce monument sonore. David Simonich, le chanteur de SIGNS, rivalise avec ces légendes, offrant une performance brutale et incisive tout au long de l’album. Associé aux riffs inventifs et aux arrangements mutants propres au groupe, « To Rid Myself of Truth » devient une véritable leçon de maîtrise du deathcore ultime.
Dès les premières secondes, une attaque maléfique s’abat sur l’auditeur. Le morceau éponyme déverse un torrent de sauvagerie, de dissonance et d’une frénésie inarrêtable, les cris animaliers de Simonich renforçant l’impact de la composition. Le single « Hellmustfearme » est encore plus terrifiant : une vague épaisse et abrasive de chaos contrôlé, un désir manifeste de pousser les mosh pits à la folie, des blast beats impitoyables qui s’enfoncent comme des hameçons, et un rythme massif et chancelant qui ne connaît que la violence.
L’album ne s’arrête pas à ces extrêmes. « Natural Selection », une déconstruction ingénieuse des codes du deathcore, abonde en distorsion et en bruit infernal. « Scars Upon Scars » est aussi odieux et douloureux que son titre l’indique, une mélodie inhabituelle porteuse des soliloques enflammés de Simonich. Will Ramos apporte ses hurlements puissants à « Clouded Retinas », tandis que Phil Bozeman semble prêt à se dévorer sur la militariste « Iron Sacrament ». « Fear & Judgement », incursion dans des territoires plus hardcore, voit Jack Murray de 156/SILENCE et Johnny Crowder de PRISON soutenir Simonich avec une expertise des plus impressionnantes. De bout en bout, « To Rid Myself of Truth » est une démonstration magistrale de comment réduire tout et tout le monde en une bouillie fracturée et ensanglantée. Le morceau final « Creator » cristallise la mission essentielle de SIGNS OF THE SWARM : un sommet d’intensité qui tord les articulations. Brutalement intense et finement travaillé, l’album pousse la musique extrême à ses limites. Une vérité douloureuse qui frappe.