Shu Lee – ‘Fusion Of Colours’

L’artiste australien Shu Lee présente une exploration ambitieuse et défiant les genres du son, de la culture et de l’identité sur son nouvel album, Fusion Of Colours. Shu Lee a géré tous les aspects du processus créatif de l’album, y compris la composition, l’instrumentation, le chant, la production et la création artistique. L’adoption d’une philosophie « DIY » s’associe à une volonté « de promouvoir l’appréciation interculturelle et la paix entre les peuples de différents horizons », selon l’artiste, notant que cette philosophie « reflète la communauté multiculturelle dans laquelle je vis ».

« I Am A Pyx » ouvre l’album avec une intrigue élégante, mêlant des hypnotiques guitares twangy à un rythme percussif puissant. Des orgues scintillantes entrent rapidement en jeu, tandis que les voix déclarent « Voici ma chaire, je me tiens derrière. » L’imagerie catholique (« Je suis une pyx, en moi se trouve l’hostie ») s’apparente aux problèmes modernes, comme le consumérisme et l’addiction technologique (« Je ne suis qu’un autre addict / Collé au plastique / Gloire au métal et au verre »). L’attrait art-rock s’amplifie pour culminé dans une incursion hip-hop concluante, renforçant le sentiment d’engouement avec des lignes comme « trop d’applications, trop de publicités, tout devant mes yeux. » Fusion Of Colours prend son envol avec une poignance artistique, alliant tradition et modernité avec finesse, tandis que des réflexions sur une époque actuelle dominée par le consumérisme résonnent avec force.

Un autre succès, « Swagatam Namaste », est une continuation naturelle, tant dans sa production organique que dans ses perspectives lyriques sur un monde rempli de troubles – en particulier un monde « si bruyant que les échos s’estompent. » Une propulsion basse funk et des ajouts de synthés rétro renforcent le son agréable. Cependant, plutôt qu’un lamento, la chanson est un vibrant rappel du pouvoir des mots positifs et unificateurs. L’inclusion et l’harmonie sont soulignées dans la salutation/invitation Sancrite/Hindi et les refrains accueillants, soulignant comment « chaque cœur est une flamme, chaque âme une étincelle », et doit être valorisée.

Le « Frolicking » élégant réussit son esthétique lisse, avec une maîtrise vocale conversationnelle, des passages de guitares tardives et une immersion subtile de la basse. La chanson se présente comme une invitation ludique mais surréaliste à embrasser la liberté et la vulnérabilité, capturée dans le refrain « festoyer dans l’obscurité » – et d’autres références à l’inflation galopante, aux factures accablantes et à une société dépendante du numérique. L’imagerie joyeuse, suggérant l’évasion par l’art et la danse, s’aligne sur les angoisses modernes pour créer une autre composition émouvante. Tandis que « Frolicking » cherche de la lumière et des liens en pleine confusion personnelle, l’attrait hip-hop groovy de « YT Democracy » redéfinit cela dans le domaine numérique – où jeu, lutte et expression se fondent en une performance collective. En effet, les deux morceaux mettent en évidence la recherche de lumière, d’expression et de relations – via des entreprises « DIY », comme l’art et la création de contenu – au cœur des pressions modernes démesurées.

Bien qu’une grande partie de l’album propose une accessibilité et une pertinence dans ses réflexions sur la vie moderne, il parvient également à une enchanteresse et impressionnante multiplicité linguistique sur les deux dernières pistes, en particulier. « Kampung Halaman » atteint une spontanéité fascinante dans sa gaieté rythmique tribale et ses multiples langues : malais, tamoul, hindi, mandarin chinois, anglais et espagnol. Le refrain évoque un profond désir pour sa terre natale (« Aku rindu kampung halaman ») tout en embrassant un chemin culturel et linguistique éclectique : « L’Espagnol est aussi la langue qui m’aime. »

L’œuvre finale « Bada Buru » enveloppe également, avec la langue Dharug mélangée au mandarin chinois. « Le Dharug est une des langues indigènes australiennes issues de l’Ouest de Sydney où je réside, » explique Shu Lee. « Et le chinois symbolise mon héritage ethnique. Donc j’ai décidé de les fusionner dans une chanson pour exprimer mon identité hybride. » Musicalement, c’est une autre démonstration magistrale, tissant des couches vocales expressives avec des impulsions rythmiques stables. Avec Fusion Of Colours, Shu Lee ne montre pas seulement une extraordinaire indépendance artistique mais crée également une tapisserie musicale unificatrice qui relie les cultures, les langues et les genres – invitant les auditeurs à célébrer la diversité, la connexion et la joie de la liberté créative.