Sabrina Carpenter – Man’s Best Friend

L’album « Man’s Best Friend » de Sabrina Carpenter suscite l’intérêt, mais sa réussite est mitigée. La pochette, à la fois provocatrice et énigmatique, promettait une réflexion plus profonde, une satire percutante. Mais l’écoute révèle une œuvre se satisfaisant de clins d’œil et de reprises subtiles de références connues.

L’influence d’ABBA, Donna Summer et Dolly Parton est palpable, parfois même excessive. Certains morceaux, comme « Goodbye », rappellent des B-sides revisitée par Jack Antonoff, tandis que d’autres, comme « Tears », calquent fidèlement l’introduction de « Last Dance ». Le jeu d’influence se transforme parfois en imitation, n’offrant pas une originalité suffisante.

Le son, un savant mélange de disco pop éclatante et de country synthés, est soigné et accrocheur, mais manque d’audace. Les titres se succèdent sans véritable impact, à quelques exceptions près. La voix de Carpenter est excellente, mais certains choix musicaux suggèrent parfois une autre artiste (une pointe d’Ariana Grande ?).

Le single « Manchild », un subtil mariage de country et synthpop, est une réussite grâce à son refrain percutant et son ironie bien dosée. Il est une rare exception à la répétition thématique et formelle. « When Did You Get Hot? » offre une inflexion nostalgique des années 2000, mais l’ensemble de l’album reste, musicalement et thématiquement, dans un cercle vicieux.

L’humour sexy et l’autodérision, pourtant caractéristiques de l’artiste, finissent par devenir un peu répétitifs. L’album est un habile jeu de séduction, mais la profondeur manque à la finesse des propos.

Les textes, centrés sur les ruptures, les déceptions amoureuses et la quête d’affirmation, semblent superficiels. Si Carpenter maitrise l’art de la formule acérée, on sent un potentiel inexploité à explorer la complexité et la vulnérabilité des émotions.

« Man’s Best Friend » est un disque agréable, bien produit, mais son manque d’audace et d’innovation l’empêche de véritablement s’élever. Quelques titres brillent par leur personnalité, mais le disque globalement manque d’originalité, de prise de risque. Une célébration de la déception ? On aurait aimé une exploration plus profonde de cette notion.