
Nouveaux Dieux, Nouveaux Maîtres : Avis
Révocation : « Nouveaux Dieux, Nouveaux Maîtres » – Une Déflagration Métallique
Dix-neuf ans après avoir troqué le nom de CRYPTIC WARNING pour le plus concis et agressif REVOCATION, David Davidson poursuit son œuvre avec « Nouveaux Dieux, Nouveaux Maîtres ». Ce neuvième opus, fruit de deux décennies d’abnégation, s’impose comme un sommet de la brutalité et de la virtuosité contemporaines. REVOCATION, un des rares groupes modernes à défier les limites stylistiques, repousse ici les frontières du death metal technique, le tout avec une soif implacable de destruction.
L’album s’ouvre sur une explosion de puissance, une tonnerre de riffs et de guitares saturées qui menacent la réalité même. La piste titre, un véritable défi à l’écoute, inaugure un voyage à travers un univers sonore saturé d’agression. L’esprit de la bande, toujours aussi lyrique et intelligent, imprègne chaque note, chaque cri, chaque riff de menace.
Des morceaux comme « Sarcophages de l’Âme » réduisent l’obsession moderne des smartphones en poussière, un mélange dévastateur de melo-death et de thrash. « Confins de l’Infini », une tempête d’horreur et de précision, est marquée par une apparition vocale de Travis Ryan (CATTLE DECAPITATION), renforçant la noirceur de l’ensemble. Quant à « Vers de la Dystopie », il dépeint l’état de la civilisation et son attrait pour des solutions inhumanes, avec une performance instrumentale d’une complexité et d’une maîtrise hallucinantes. Chaque riff est une bombe prête à exploser, chaque solo une éclaircie dans le carnage.
L’éclat de génie de REVOCATION réside dans sa capacité à combiner la virtuosité technique avec le carnage brut. « Le Tout-Voyant », paré de la présence électrique du guitariste jazz Gilad Hekselman, est l’apogée de cette maîtrise collective. Un tourbillon instrumental radical et subversif, il cumule dissonance, discordance et complexité progressive, dégageant une beauté dans la destruction. Même « Cronenberged », avec son apparition inquiétante de Jonny Davy (JOB FOR A COWBOY), qui offre une apothéose de l’horreur corporelle et de la provocation, ne parvient pas à égaler sa puissance.
L’album se clôt par le tourbillon sombre et mutant de « Ère Enterrée », une conclusion appropriée à une oeuvre qui se pose comme une nouvelle référence dans le paysage du metal. REVOCATION démontre une fois de plus un talent sans égal : un talent pour l’excès, pour l’inspiration, pour la performance au-delà de toute limite. « Nouveaux Dieux, Nouveaux Maîtres » est une expérience sensorielle et sonore : un véritable festin de destructions orchestrées avec talent et imagination. Une déflagration.