Bon Jovi – Forever (Legendary Edition)

Quarante années de rock et une flamme inextinguible : Bon Jovi persiste sans fléchir

Après un album Forever (2024) qui signait un retour mitigé mais authentique, Forever (Legendary Edition) se présente comme un cadeau émouvant, loin d’une refonte totale, mais preuve que l’énergie créative perdure. C’est le type de projet qu’un groupe iconique lance pour célébrer son parcours, non pour démontrer une vigueur intacte, mais pour souligner que son expression artistique s’est humanisée avec le temps.

Une voix ébréchée, un esprit préservé

Tout commence par une vulnérabilité : les cordes vocales affaiblies de Jon Bon Jovi. Suite à une longue période de repos, de doutes et d’un documentaire (Thank You, Goodnight: The Bon Jovi Story) qui évoquait presque une fin de chapitre, le frontman transforme son impediment en geste généreux. Incapable de porter l’album sur scène, il invite ses complices du monde musical. Le bilan : douze classiques revisités par un casting prestigieux, allant de Bruce Springsteen à Avril Lavigne, en incluant Jelly Roll ou Joe Elliott. Et en point d’orgue, un titre inédit : « Red, White And Jersey », une ode à son New Jersey natal et, par extension, à ses origines rock.

Ce morceau est d’une franchise désarmante : direct, avec cette candeur touchante et presque candide qui définit Bon Jovi. On l’imagine déjà comme un chant de stade, entonné avec une bière à la main, entre les plages d’Asbury Park et un routier nostalgique.

Des collaborations qui ravivent l’étincelle

L’idée d’un disque de duos pouvait susciter des craintes – souvent vu comme un artifice pour masquer les faiblesses – mais Forever (Legendary Edition) en sort grandi. Bruce Springsteen apporte sa timbre rauque et son harmonica usé à « Hollow Man », transformant la piste en une complainte intime et complice. The War And Treaty insufflent une âme gospel vibrante à « The People’s House », tandis que Joe Elliott de Def Leppard renforce « Walls Of Jericho » d’une puissance tellurique.

Tous les invités ne marquent pas aussi fort : la participation de Lainey Wilson semble un choix hasardeux, et la version en espagnol de « We Made It Look Easy » avec Carin León intrigue plus qu’elle n’emballe. Pourtant, lorsque l’alchimie prend, c’est magique. Ces reprises confirment le prestige de Bon Jovi, qui attire des talents variés tout en préservant son essence rock.

L’héritage, la modestie et le poids des ans

À l’écoute, il est clair que Jon Bon Jovi ne vise plus les sommets des classements. Il regarde en arrière avec sérénité. Forever (Legendary Edition) n’ambitionne pas les records, mais honore les liens durables, les amitiés et l’esprit du rock’n’roll après quarante ans d存在. L’album exhale une reconnaissance profonde.

Les chœurs évoquent encore les années 80, les paroles frôlent parfois les stéréotypes. Mais c’est cette alliance de simplicité et de ténacité qui rend Bon Jovi si précieux. Ce n’est plus l’époque de Slippery When Wet ; c’est un ensemble qui a traversé les tempêtes, y compris la fragilité physique.

Forever (Legendary Edition) n’est pas une résurrection fracassante, mais un écho bienvenu. Il rappelle un groupe ancré dans ses racines, libéré de toute pression, mais riche de ce qu’il peut encore offrir. Imparfait, poignant et foncièrement humain – à ce jour, c’est sans doute l’hommage le plus juste qu’on pouvait espérer.

Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 24/10/2025
Site web : www.bonjovi.com

Notre sélection
Red, White And Jersey
Hollow Man (feat. Bruce Springsteen)
The People’s House (feat. The War And Treaty)