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DRAIN : « …Is Your Friend », une explosion d’énergie hardcore qui défie les ténèbres

Dans un paysage hardcore souvent dominé par des prophètes de l’apocalypse et des hymnes à la destruction, le trio californien DRAIN apporte une bouffée d’air frais depuis plus d’une décennie. Loin d’être des chants joyeux et insouciants, leurs morceaux vibrent d’une exubérance brute et d’une simplicité contagieuse, transformant le genre en une force vitale et fédératrice plutôt qu’en une plainte misanthrope. Avec une réputation live explosive, où ils excellent à enflammer les foules dans des salles sombres et moites, DRAIN a déjà sorti deux albums qui capturent cette essence : des titres courts, rapides et intenses, mâtinés de thrash crossover, avec une énergie débordante qui ridiculise bien des concurrents, locaux ou non.

Leur troisième opus, « …Is Your Friend », marque leur retour chez Epitaph Records. Si les fans des précédents ont été conquis, cet album pourrait bien propulser DRAIN au sommet de la scène contemporaine. Pas de expérimentation pop ou de fusion audacieuse à la Turnstile ici ; DRAIN reste fidèle à une recette stratégique, conçue pour arracher un sourire au milieu du chaos. L’album dure moins de 30 minutes, fidèle à la tradition punk hardcore : pas de place pour les digressions ésotériques ou les indulgences inutiles. C’est un appel pur à l’émeute en dix pistes, piloté par le hurlement primal de Sammy Ciaramitaro, maître de cérémonie d’une fête collective.

Stylistiquement, le groupe ancre son son dans un hardcore féroce teinté de thrash vif et tranchant. On a déjà entendu qualifier DRAIN de « surf thrash », un label paresseux qui évoque, malgré tout, leur vitalité ensoleillée et leur dynamisme côtier. Et si vous cherchez de l’énergie positive, cet album en regorge. Il s’ouvre sur « Stealing Happiness From Tomorrow », un morceau inhabituellement long pour DRAIN, mais un véritable tube crossover qui cogne dur. Avec ses changements de tempo incessants et ses accents rythmiques taillés pour les mosh pits, les riffs acérés et les grooves beatdown précis en font un hymne idéal pour balancer les poings dans une salle bondée. Le reste des neuf titres est plus concis, mais tout aussi percutant.

« Living In A Memory » illustre parfaitement comment DRAIN fusionne hardcore et thrash en un amalgame fluide et explosif : rapide, imprévisible, et fini avant que quiconque ait le temps de sauter dans la foule. « Scared Of Everything And Nothing » déploie des riffs plus sombres, inspirés du tough guy sound à la Biohazard, tandis que « Nothing But Love » en offre le revers lumineux, avec un refrain criant « One love ! » qui claque comme un défi bienveillant. Plus loin, « Who’s Having Fun ? » fait une incursion inattendue dans le punk rock, avec une mélodie estivale et une charge émotionnelle fraîche qui pourrait même squatter les ondes radios. « Can’t Be Bothered » pulse d’un NYC hardcore tendu, accéléré et épineux, se concluant sur un fade-out hip-hop surprenant.

Le joyau de l’album reste « Darkest Days » : des riffs vicieux sur un groove lancinant, qui, malgré son thème sombre, incite inévitablement à sauter comme un possédé. À travers ces chugs pesants, ces cris aigus et ces breakdowns brutaux, DRAIN semble immergé dans l’instant présent, incarnant l’esprit unificateur du hardcore. La musique n’a pas besoin d’être compliquée, et « …Is Your Friend » en est la preuve irréfutable : un manifeste simple, sincère et galvanisant qui rappelle pourquoi ce genre reste une source d’énergie inépuisable.

Pour plonger dedans, rien de tel que d’écouter l’album en boucle – ou de checker leur clip officiel pour « Stealing Happiness From Tomorrow » sur YouTube. DRAIN n’est pas seulement un groupe ; c’est une invitation à vivre le moment, à hurler et à transpirer. Dans un monde chaotique, c’est le remède idéal.