Bukowski – Cold Lava

Depuis plus de quinze années, Bukowski avance avec détermination, sans relâche. Trois ans après un premier album éponyme imprégné de deuil et de renouveau, suite au décès de Julien Dottel, cofondateur et bassiste du groupe, ce quatuor fait son retour avec Cold Lava, un opus où les éléments s’harmonisent enfin parfaitement. Toujours accompagné de Francis Caste à la production, le groupe opte pour une approche épurée, revenant à l’essentiel : un rock direct, intense, authentique et profondément ressenti.

Une énergie revitalisée
« Headlights » lance l’album comme un uppercut. Avec son riff accrocheur, sa tension contrôlée et ses refrains faits pour être hurlés à l’unisson, Bukowski redémarre sur les chapeaux de roues. Une urgence palpable anime les musiciens, qui vont droit au but sans fioritures. Le son est dense, chaleureux, vivant, sans jamais alourdir l’auditeur. Au lieu d’exagérer la rage, le groupe la maîtrise avec finesse, ce qui change tout.

Sur le titre éponyme « Cold Lava », l’atmosphère devient plus introspective, le rythme s’apaise, mais la chaleur reste intacte, comme une coulée de lave lente et ardente. Cette alternance de montées en puissance et de pauses offre un souffle essentiel à l’ensemble. « Criminals » ravive l’aspect direct et nerveux du quatuor, tandis que « Howls » et « Over The Vines » révèlent une vulnérabilité touchante, où la voix de Mathieu Dottel oscille entre aspérité et émotion brute.

La flamme qui ne s’éteint pas
Ce qui captive avant tout, c’est l’authenticité du message. Bukowski n’ambitionne plus de choquer, mais de résonner en profondeur. Les compositions sont ramassées, les titres brefs, et chaque chœur porte une libération intérieure. « Isolation », par exemple, marie puissance et mélodie avec une fluidité qui évoque le meilleur du rock français. Quand Reuno (de Lofofora) intervient sur « Communication In Silence », c’est un dialogue entre générations du rock national qui s’esquisse : une entente naturelle, pleine de sens et d’humanité.

Ce septième effort ressemble à un aboutissement : l’élan des origines, la sagesse gagnée au fil du temps, et cette passion indomptable. Mathieu Dottel signe ici l’une de ses interprétations les plus abouties – tendue, nuancée, envoûtante –, pendant que ses acolytes déploient un rythme à la fois pesant et éclatant. Aucune posture, aucun superflu : simplement quatre artistes qui se livrent à fond.

Vrai, palpitant et humain jusqu’au bout, Cold Lava démontre que Bukowski poursuit inlassablement sa trajectoire. Un album à la fois robuste et émouvant, où chaque piste exhale l’expérience vécue. La lave, loin de se figer, puise dans les années et flambe avec la même intensité.

Nos coups de cœur : Cold Lava, Criminals, Communication In Silence.