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Negative Blast : « Destroy Myself For Fun », un uppercut punk rock qui cogne fort

Dans un monde où la pandémie a transformé la frustration en carburant créatif, le groupe de San Diego Negative Blast émerge comme une explosion de rage pure. Formé au cœur de cette période chaotique, ce quatuor punk rock délivre avec son deuxième album, Destroy Myself For Fun, un assaut sonore impitoyable. Huit titres compacts qui ne font pas dans la dentelle : des guitares grasses et saturées, une batterie qui martèle sans répit – pilotée par le virtuose Mario Rubalcaba (connu pour Earthless et Off!) – et un vocaliste qui hurle sa fureur comme si sa vie en dépendait. Oubliez les clichés du punk lisse ou introspectif ; ici, c’est du hardcore brut de décoffrage, teinté d’un rock ‘n’ roll viscéral qui donne envie de tout casser – et vite.

Le disque s’ouvre sur « Fireplay », un riff endiablé qui emprunte un clin d’œil au « Freedom Of Choice » de Devo, mais gonflé aux stéroïdes. À un tempo rock solide, ce morceau pose les bases : un assaut punk classique, parsemé d’éclats de guitare lead qui claquent comme des coups de fouet. Pas le temps de respirer, car « Missinglink » accélère la cadence, transformant l’ensemble en une furie agressive, façon démo de Poison Idea après un entraînement intensif. La propulsion est féroce, et Rubalcaba tient les rênes avec une précision chirurgicale.

« Mac Dawg » puise dans la fureur post-Oi! des scènes street punk actuelles, avec un rythme taureau furieux et des hooks accrocheurs servis avec la même insolence que sur le premier album de The Bronx en 2003. Sous la surface, on sent poindre une mélodie plus catchy, mais Negative Blast préfère maintenir la pression, remplissant l’espace sonore de riffs massifs, évoquant le Gibson Les Paul de Steve Jones sur Never Mind The Bollocks des Sex Pistols.

Le heavy hardcore de « Nuwage » tranche comme une lame rouillée, avec ses bords rugueux et un ralentissement dynamique qui annonce une démolition lobotomisée. Plus vif et combatif, « Futurerock » s’accroche à un accord unique pour foncer tête baissée, imprégné d’une anxiété enragée, tout en révélant des crocs anthemic roots rock. « I’m In Love », quant à lui, est un pur concentré d’hardcore américain, hystérique et débordant de tensions sociétales – un tank en dérapage incontrôlé, aussi maigre, méchant et grandiose que possible.

L’album se referme sur le brutal « Infested », une escarmouche aux marteaux-piqueurs, et le plus étiré « Denial », un duel punk arena qui tranche et pousse. Destroy Myself For Fun n’est pas pour ceux qui voient le punk comme un prétexte à l’égocentrisme. Negative Blast, âmes libres aux regards cyniques, nous rappelle que la meilleure échappatoire à l’enfer quotidien, c’est de noyer ses flammes dans un rock ‘n’ roll honnête, aux trois accords tranchants. Sur cet album, ils marquent un point incontestable : c’est punk, c’est furieux, et ça fait un bien fou. À écouter en boucle pour exorciser la morosité – ou pour justifier vos prochains meubles en miettes.

Pour une première immersion, checkez le clip de « Fireplay » sur YouTube : une déflagration visuelle qui colle parfaitement à cette énergie explosive. Negative Blast prouve que le punk n’est pas mort ; il est juste en train de tout raser sur son passage.