Rise Of The Northstar – Chapter 04: Red Falcon Super Battle! Neo Paris War!!

Il existait un temps d’avant, et un temps d’après se profile. Avec ce quatrième opus, Rise Of The Northstar propulse son fusion rap metal dans une transformation inédite, plus glaciale et automatisée, comme si l’univers patiemment construit par le groupe depuis quinze années se dressait soudain sous les lumières blafardes d’une métropole futuriste. L’héritage de l’ère Shi s’efface pour laisser place à un nouveau symbole : le Red Falcon, figure imposante qui oriente un ROTNS en pleine réinvention créative. Bienvenue dans une réinterprétation dystopique de Paris, étouffante et électrisée, où chaque piste se mue en un geste de révolte.

Plongée dans Neo-Paris
L’album débute par une courte ouverture japonaise via « Turbo-Intro », hommage évident à la culture pop et entrée en matière accessible pour les novices. Puis, tout bascule avec « Payback », détonation qui recentre l’écoute d’un coup : Vithia, en chef d’orchestre, harangue avec une fureur renouvelée, pendant que ses quatre partenaires déploient un agencement impeccablement ciselé. La réalisation, monumentale, souligne combien Showdown (2023) avait déjà propulsé ROTNS vers de nouveaux horizons… avant que cet épisode ne les porte encore plus loin.
Les paroles, plus militantes et virulentes, capturent une tension palpable que le thème du Red Falcon vient amplifier. Surtout, le quintet étend son registre : davantage de voix chantées, une prise de risques accrue, et une présence plus marquée du français – un virage qui accentue la portée des propos et leur clarté.

L’expansion de l’univers ROTNS
Dès « Neo Paris », titre central, les pièces s’assemblent : strophes hip hop tendues, chœurs accrocheurs et mélodiques, guitares robotisées et cassures hardcore. Un résumé idéal de l’ADN de ROTNS, revisité, poli et sublimé. Ce morceau s’accorde sans effort avec « Back 2 Basics », pavillon enflammé partagé avec LANDMVRKS, qui officialise le lien Paris–Marseille et la solidarité entre deux piliers du metal hexagonal actuel. L’enregistrement, partagé entre le repaire parisien du groupe et Marseille sous la houlette de Flo Salfati, lui octroie une authenticité accrue.
Plus avant, la participation d’Aaron Matts (Ten56., ex-Betraying The Martyrs) sur « Nemesis » métamorphose la chanson en volcan metalcore. La solidité de l’ensemble continue de stupéfier.
Le groupe revendique sans fard ses origines rap : « Under », tout en français, s’impose comme l’une des excursions les plus pures dans le hip hop de leur répertoire, alors que « 75 Outro » boucle l’œuvre dans une veine citadine, presque confidentielle, créant un contrepoint captivant à la violence régnante. Entre flows rap nus, assauts hardcore dévastateurs (« A.I.R. Max »), neo metal agité (« Solitary Homeboy », « Desolation Hawk ») et segments chantés plus abondants qu’autrefois, ROTNS slalome avec une aisance troublante.

Un combo à son apogée
Après une performance mémorable sur la Main Stage du Hellfest 2025, Rise Of The Northstar se révèle ici à la crête de son art. La frappe de Phantom résonne avec une puissance inédite, les six cordes d’Air One et Eva-B découpent l’air dans une construction irréprochable, tandis que la ligne de basse de Yoru instaure une densité quasi industrielle. La séquence des titres est orchestrée avec minutie, mêlant fureur primitive, atmosphère urbaine et instants plus aériens, sans jamais rompre l’unité.
Et quand « 75 Outro » surgit, comme un hommage aux fans de longue date, l’album boucle son cycle avec une authenticité touchante.
Sans tomber dans les clichés, on doit admettre à Rise Of The Northstar une évolution vers une maturité remarquable. La fougue viscérale qui définit le groupe persiste, mais elle s’exprime à présent via une forme plus élaborée, subtile, presque narrative comme un film. La formule du Red Falcon fonctionne à plein régime : percutante, ancrée dans le présent, ciselée avec soin. Un disque qu’on savourera durablement – et qui jalon une avancée décisive pour une formation désormais essentielle.

Nos coups de cœur :
Back 2 Basics
Neo Paris
Payback