Robert Plant sélectionne ses albums préférés de la bibliothèque Nonesuch Records
Robert Plant et Saving Grace : Une odyssée musicale née des confins ruraux
Dans l’univers foisonnant de la musique indépendante, Robert Plant, l’icône éternelle de Led Zeppelin, continue de surprendre par sa soif d’exploration. Récemment, le chanteur britannique a fait une apparition remarquée dans la série vidéo « Nonesuch Selects » du label Nonesuch Records. Ce format original invite les artistes à visiter les bureaux du label, à fouiller dans sa vaste bibliothèque musicale et à partager leurs coups de cœur. Plant y a sélectionné une playlist éclectique, reflet de son goût pour les horizons sonores les plus diversifiés.
Parmi ses choix, on retrouve le quartette Kronos avec Pieces of Africa (0:26), un voyage hypnotique à travers les rythmes ancestraux du continent noir. Suivent Oh My God, Charlie Darwin de The Low Anthem (1:16), une perle folk introspective ; A Djinn And A Hunter Went de Neba Solo et Benego Diakitè (1:47), un conte mystique imprégné de traditions ouest-africaines ; l’envoûtant Le Mystère des Voix Bulgares (2:59), choral orthodoxe d’une beauté surnaturelle ; Far From Enough de Viktor Krauss (4:28), un opus instrumental délicat ; et enfin, l’album éponyme de Charlie Feathers (5:36), pionnier du rockabilly brut et primal. Ces sélections, visibles dans une vidéo captivante diffusée par Nonesuch, soulignent l’éclectisme de Plant, toujours à la recherche de racines profondes et d’émotions pures.
Mais l’actualité de Robert Plant va plus loin : son nouveau groupe, Saving Grace, sort son premier album éponyme le 26 septembre chez Nonesuch Records. Né dans l’isolement du confinement, au cœur de « The Shire » – ce coin bucolique de la campagne anglaise –, ce projet marque un retour aux sources pour l’artiste. Privé de ses errances habituelles, Plant s’est tourné vers un cercle restreint de complices locaux, formant un ensemble aux sonorités imprévisibles. Saving Grace réunit la vocaliste Suzi Dian, le batteur Oli Jefferson, le guitariste Tony Kelsey, le joueur de banjo et cordes Matt Worley, ainsi que le violoncelliste Barney Morse-Brown. Depuis six ans, ces musiciens ont tissé une toile sonore riche, mêlant influences folk, blues et world music, dans une joyeuse improvisation nourrie par le rire et la complicité.
« Nous rions beaucoup, vraiment. Ça me va bien. J’aime rire », confie Plant avec malice. « Je ne trouve aucune raison d’être trop sérieux. Je ne suis pas blasé. La douceur de tout ça… Ce sont des gens adorables qui libèrent enfin ce qu’ils gardaient en eux. Ils sont devenus des stylistes uniques, et ensemble, nous avons atterri dans un lieu des plus intrigants. » Après ses précédents albums acclamés chez Nonesuch – Lullaby And… The Ceaseless Roar (2014) et Carry Fire (2017) –, Saving Grace prolonge cette quête incessante, insufflant une vie nouvelle à un répertoire ancestral. Produit par Plant et le groupe, l’opus a été enregistré entre avril 2019 et janvier 2025 dans les Cotswolds et aux confins gallois. Il revisite des trésors oubliés signés Memphis Minnie, Bob Mosley (de Moby Grape), Blind Willie Johnson, The Low Anthem, Martha Scanlan, Sarah Siskind, ou encore le duo Mimi Parker et Alan Sparhawk de Low.
Dans une interview accordée à Rolling Stone, Plant dévoile les coulisses de cette création spontanée : « Tout a commencé avec un seul micro sur un pied, dans un champ près de chez Matt Worley. Nous avions une petite table de mixage. Chacun s’approchait à tour de rôle, à quatre mètres de distance, et chantait ou jouait. Sur le dernier morceau, on entend même des oiseaux parce que nous enregistrions en extérieur. C’était une expérience qui me rappelait Physical Graffiti avec Led Zeppelin, où j’enregistrais des voix dehors. J’adorais cette liberté, loin des studios confinés. Ça a démarré avec ‘Higher Rock’ ou peut-être ‘Chevrolet’, vers 2019 ou 2020. Ensuite, j’ai voyagé, et nous avons repris. »
À mesure que le monde se rouvrait après la pandémie, les sessions ont migré vers une ferme ancienne dans le Gloucestershire, liée aux débuts de Traffic via un ami de Steve Winwood. « C’est pastoral, génial », décrit Plant. Une brève escapade aux Real World Studios de Peter Gabriel a testé de nouveaux sons, mais l’ensemble reste organique, sans pression. « Rien ne pesait sur nous. Personne ne visait plus loin que cette sortie d’album. Quelques concerts aux États-Unis cet automne, ce sera le sommet de nos rêves. Contrairement à mon retour après Led Zeppelin, où j’étais déterminé et drivé, ici c’est pastoral, paisible. »
Ce qui unit Saving Grace, c’est aussi sa proximité géographique et culturelle : les membres vivent à huit miles les uns des autres, partageant un humour et un terreau commun. « Nous formons un tout cohérent, sans grandes ambitions. C’est juste agréable », conclut Plant. Après des tournées européennes intenses ces dernières années, Saving Grace posera enfin ses valises outre-Atlantique cet automne, pour une série de shows qui promettent d’être aussi envoûtants que ce disque renaissance.
Pour plonger dans les sélections de Plant, visionnez la vidéo ci-dessous – un avant-goût d’un artiste qui, à 75 ans, rugit encore avec une tendresse infinie.
