Scorpions – Coming Home Live
Soixante années au sommet : un anniversaire rock
Marquer six décennies de musique, c’est bien plus qu’un simple jalon ; c’est une ère entière dédiée au rock. Les Allemands de Scorpions fêtent cette étape mythique cette année, et pour l’occasion, ils nous entraînent dans un périple temporel via un enregistrement live capturé pendant leur Coming Home Tour. Cet opus retrace les grands chapitres qui ont forgé leur légende.
Un bond dans le passé
Dès les premières notes, cet album live nous immerge dans l’effervescence d’un spectacle en direct, guidé par une voix narrative qui résume en trois termes essentiels une carrière de six décennies : amour, paix et rock ‘n’ roll. Si les débuts du groupe étaient imprégnés d’un esprit plus effréné – sex, drugs and rock ‘n’ roll –, leur évolution les a menés vers un engagement plus serein, teinté de messages pacifistes et humanitaires. Après avoir écumé les scènes mondiales pendant tant d’années, Scorpions boucle la boucle en revenant à Hanovre, berceau de leurs origines. Ce retour aux racines justifie pleinement le titre de la tournée, Coming Home.
Loin d’être une simple compilation nostalgique, ce live couronne une trajectoire exceptionnelle. Le groupe revisite ses plus grands succès pour tisser sa propre épopée. La liste des morceaux débute avec « Coming Home », l’hymne signature de la tournée. Son ouverture majestueuse crée une anticipation palpable, avant que le refrain explosif ne unisse le public dans une énergie collective.
Ensuite, l’ensemble replonge les fans dans les années 1970, avec un hommage vibrant à l’ère psychédélique d’Uli Jon Roth. Un medley d’environ huit minutes enchaîne l’intensité de « Top Of The Bill », l’ombre mystérieuse de « Steamrock Fever », la rapidité de « Speedy’s Coming » et le rythme envoûtant de « Catch Your Train ». Cette séquence, fluide et chargée d’émotion, évoque une nostalgie brute et authentique.
La plus grande part du concert célèbre toutefois les années 1980, période dorée de Scorpions. Le riff pesant et captivant de « The Zoo » avance tel un prédateur en embuscade, instaurant une atmosphère dense et irrésistible. Suit « Bad Boys Running Wild », une bouffée d’adrénaline brute qui capture l’essence sauvage du groupe. Cet enregistrement live démontre que l’exactitude et la passion intactes de la formation défient le passage du temps.
Les classiques de l’album Love At First Sting dominent la tracklist, propulsés par la force incisive de « I’m Leaving You » et l’hymne enflammé « Big City Nights », qui métamorphose le public en un chœur uni et fervent. Un détour bref vers les années 1990 s’invite avec « Tease Me Please Me » de Crazy World, qui s’intègre harmonieusement au flux du show. Ce parcours à travers les époques n’est pas une simple réminiscence fade : il s’agit d’une fête vibrante, imposante et résolument rock.
Puissance, sentiments et authenticité
Cet opus met en valeur le moteur vital du groupe : la guitare. Les interludes instrumentaux « Coast To Coast » et « Delicate Dance » offrent des pauses bienvenues, tout en soulignant la maîtrise et le talent de Matthias Jabs et Rudolf Schenker. Le batteur iconique Mikkey Dee (ancien de Motörhead), intégré depuis 2016, apporte une vitalité explosive via son solo « New Vision ». Ce moment rythmique puissant renforce l’impact physique et scénique de Scorpions.
Le groupe excelle aussi dans l’art des ballades puissantes. On ne peut ignorer les piliers comme « Send Me An Angel » et « Wind Of Change », dont les mélodies sifflées résonnent en écho collectif d’un public captivé, sans oublier « Still Loving You ». Ces passages illustrent la faculté de Scorpions à rassembler les âges, dans une union presque sacrée.
Pourtant, après cette bulle émotive, l’attaque finale arrive avec leurs atouts les plus percutants. « Blackout », joyau de 1982, explose en apothéose destructrice. Et pour achever la soirée en beauté, « Rock You Like A Hurricane » emporte tout sur son passage : un climax légendaire pour une icône du rock.
Un diamant intemporel
Six décennies d’activité : un bilan impressionnant pour une troupe hard rock. Bien que les ans aient pu laisser une trace dans la tessiture de Klaus Meine, l’essence de Scorpions demeure inchangée – une marque indélébile dans l’histoire du genre, héritée et perpétuée. Cet album live fonctionne comme une capsule temporelle, ressuscitant les sommets d’une odyssée unique, et affirmant que la formation livre encore des performances intenses et empreintes de vie. Moins spectaculaires dans leurs mouvements, ils font toujours vibrer les fondations. L’aventure se poursuit : Scorpions reviendra en 2026 pour amplifier leur mythe.
Nos coups de cœur
- The Zoo (Coming Home Live)
- Tease Me Please Me (Coming Home Live)
- Bad Boys Running Wild (Coming Home Live)
