Critiques – Des Vies Superficielles aux Tombes Superficielles

OLDE OUTLIER : De Vies Superficielles à des Tombes Superficielles – Un Voyage Brutal dans les Ombres des Années 80

Dans les méandres de la scène underground australienne, Beau Dyer s’impose comme une figure incontournable, un pilier respecté qui a su marquer les esprits à travers divers projets. On lui doit notamment INNSMOUTH, dont l’unique album Consumed By Elder Sign sorti en 2014 reste un joyau sous-estimé, un classique discret qui continue d’inspirer les amateurs de sons obscurs. Avec OLDE OUTLIER, Dyer pousse plus loin encore son exploration, plongeant dans les abysses primitifs et hybrides des années 80. Le résultat est un album qui fusionne l’agressivité rugueuse du death metal originel avec les simplicités infernales et dépouillées de CELTIC FROST et SAMAEL. From Shallow Lives To Shallow Graves, étalé sur quatre pistes monumentales et une trentaine de minutes venimeuses, rejette avec force l’extrême trop lisse et méticuleux pour s’immerger dans un territoire ésotérique, intuitivement progressif.

Dès l’ouverture avec « The Revellers », qui s’étire sur près de huit minutes, l’album pose ses bases : des riffs abjects et bornés, ponctués de digressions étranges vers un post-punk clangoureux. La voix d’Appleton, le chanteur, déferle comme un rugissement monstrueux et instinctif, jaillissant du plus profond de son être aux instants précis. Une atmosphère de militantisme délabré imprègne l’ensemble, conférant à chaque riff et à chaque grognement une sincérité maléfique, presque palpable. « The Pounding of Hooves » accélère la cadence, avec des riffs mutants inspirés du NWOBHM qui tailladent l’air, tandis qu’Appleton crache des avertissements infernaux sur un fond glacial. Une incursion inattendue dans une répétition fantomatique et doomée renforce l’aura de menace surnaturelle, et au terme de ses onze minutes intenses, on perçoit clairement un groupe en transe, ivre d’un acier sonore enivrant.

Dyer excelle dans l’art du riff sinistre sans fioritures, et c’est sur « Swept » que cette maîtrise atteint son apogée – la piste la plus aboutie de l’ensemble, un modèle d’évocation d’une ère révolue et chérie. Alternant entre accroches intermittentes et une cohésion irréprochable, elle flirte même avec des territoires lysergiques : une section centrale qui évoque les récentes incursions de DARKTHRONE vers un classicisme lent et embrasé, mais avec une mélodie encore plus prononcée sous la noirceur ambiante.

Au fond, OLDE OUTLIER ancre son propos dans un heavy metal old-school, convaincant et authentique. La clôture avec « All Is Bright » débute par un galop brutal et avance avec détermination, maniant des riffs rudimentaires comme des épées larges. Les cris déchirants d’Appleton résonnent tels les hurlements des damnés, maintenant un lien indéfectible avec le death metal tout en rendant hommage à VENOM et MERCYFUL FATE. Des échappées inattendues vers une ghoulishness étourdie et psychédélique confèrent à OLDE OUTLIER une identité insaisissable, qui refuse les étiquettes faciles. From Shallow Lives To Shallow Graves évoque mille influences sans jamais s’y réduire ; la vision de Dyer y apparaît ouverte et aventurière, comme si ces vibrations archaïques avaient ravivé en lui une source d’inspiration neuve et tonifiante. En termes simples, l’album balance avec force, lourd et implacable, en ignorant superbement les modes actuelles.

Si OLDE OUTLIER s’affirme comme le nouveau vaisseau de Dyer pour les années à venir, cet opus inaugural annonce des plongées encore plus profondes dans les ténèbres. Un statement qui, à coup sûr, séduira les âmes en quête de metal viscéral et intemporel.

(Note : Pour une immersion totale, découvrez le clip de l’album sur YouTube via ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=JJqnVeJbENA).