À voir : Robert Trujillo et Kirk Hammett de Metallica reprennent AC/DC et Rose Tattoo lors d’un concert à Sydney
Les « Doodles » Surprise de Metallica : Kirk Hammett et Robert Trujillo Rend Hommage à l’Australie à Sydney
Sydney, Australie – 18 novembre 2023 – Lors du concert triomphal de Metallica au Accor Stadium le 15 novembre, les fans ont eu droit à une surprise inattendue. Robert Trujillo, le bassiste charismatique, et Kirk Hammett, le guitariste légendaire, ont enflammé la scène avec deux reprises explosives : « For Those About To Rock » d’AC/DC et « Nice Boys » de Rose Tattoo. Ces performances, jouées dans une version épurée à la basse et à la guitare, incarnent parfaitement la tradition des « doodles » que le duo a instaurée lors des tournées récentes du groupe. Loin du métal pur et dur de Metallica, ces hommages décalés aux influences musicales célèbrent l’histoire rock locale et internationale, surprenant à chaque fois le public.
Une Tradition Nécessaire pour Épater les Foules
Les « doodles », comme les appelle le groupe sur ses setlists, ne sont pas de simples intermèdes. Il s’agit d’interprétations minimalistes – souvent sans batterie ni voix principale de James Hetfield et Lars Ulrich – qui permettent à Hammett et Trujillo de rendre hommage à des artistes qu’ils admirent. À Sydney, le choix d’AC/DC, icônes australiennes incontestées, et de Rose Tattoo, pionniers du pub rock down under, a créé une connexion immédiate avec les 80 000 spectateurs. Trujillo a même pris le micro pour chanter, ajoutant une touche personnelle et vulnérable à ces renditions.
Cette pratique, qui s’est imposée comme un rituel festif, trouve ses racines dans les tournées européennes de Metallica au début des années 2020. Dans une interview accordée à MMA Junkie en novembre 2021, Trujillo se remémore avec émotion ces moments : « Certains de mes plus grands souvenirs remontent à la dernière tournée européenne, où nous jouions dans d’immenses stades de foot. Nous choisissions des chansons natives des villes ou des pays visités. Par exemple, à Paris, au Stade de France, devant 85 000 personnes, nous avons interprété ‘Ma Gueule’ de Johnny Hallyday. Personne ne s’y attendait ! C’était comme des musiciens de rue, nus et vulnérables. Les gens étaient choqués, mais en bien : larmes et sourires, et ça a même fait la une des journaux. »
Le bassiste décrit ces performances comme des « duets » intimes au milieu d’un océan de métal. Chanter en langue locale – suédois en Suède, espagnol en Espagne, roumain en Roumanie – représentait un défi colossal. « C’était l’un des points forts de ma carrière chez Metallica. Parfois, je me dis qu’on était fous, Kirk et moi. Ça s’est passé juste avant la pandémie, dans ces stades bondés. »
L’Origine d’une Idée Folle : De Amsterdam à Hawaï
L’idée des « doodles » n’est pas née d’un jour à l’autre. Lors d’une apparition en juin 2020 sur l’émission en ligne Drinks With Johnny, animée par le bassiste d’Avenged Sevenfold, Johnny Christ, Trujillo révèle comment tout a commencé. « On était en Europe, pas sur la dernière tournée, mais celle d’avant. À Amsterdam, on essayait des duos sur des titres obscurs de Metallica, comme ‘I Disappear’ ou ‘Eye of the Beholder’. Mais la foule attendait James pour chanter, et ça ne collait pas. C’était comme un prélude raté. »
Le déclic ? Une initiative improvisée de Kirk Hammett. « Un soir, il sort et se met à jouer ‘Le Freak’ de Chic, ce funk inattendu. J’étais pris au dépourvu ! J’ai improvisé la ligne de basse. Le lendemain, je l’ai maîtrisée. Puis, à Amsterdam, notre manager a suggéré ‘Radar Love’ de Golden Earring, un groupe néerlandais. La foule a commencé à chanter, et on s’est dit : ‘Il y a quelque chose là-dedans.' »
De là, le concept a évolué vers des choix locaux. À Prague, ils ont osé une chanson country tchèque, « Jožin z Bažin » d’Ivan Mládek ; à Barcelone, un flamenco gitan comme « El Muerto Vivo » de Peret, avec Trujillo chantant en espagnol. « Les gens étaient en délire ! On a su qu’on tenait un filon. » De retour aux États-Unis, Trujillo a plongé dans la recherche : « J’ai étudié chaque ville, de l’Estonie à la Pologne, en apprenant les langues phonétiquement. On bossait les arrangements chez Kirk à Hawaï – cinq jours non-stop, sans même surfer prioritairement. Si y avait un solo d’accordéon, Kirk le jouait à la guitare ! »
Malgré le succès en Europe, les États-Unis ont été plus capricieux. Trujillo avoue des échecs cuisants : « À Penn State, en Pennsylvanie, on a tenté le chant de combat local. Dix secondes, et rien. J’ai arrêté de jouer, mortifié ! Kirk a continué, et on a enchaîné sur un Metallica pour sauver la mise. » Kirk Hammett, interrogé par Cosmo Music en 2019, ajoute : « On ne sait jamais la réaction. On choisit une chanson obscure d’un artiste inconnu pour nous, et on la joue devant 60 000 personnes. Il y a eu des pains au début, comme à Indianapolis avec les Zero Boys, un groupe punk. La foule était perplexe. Mais si on la joue bien, c’est divertissant. À Nashville, on a fait une chanson de Loretta Lynn ; le lendemain, elle nous a écrit pour dire qu’elle était au show avec sa famille et qu’elle adorait. Elle a même parlé de couvrir un de nos titres ! »
Des Éloges, Mais Aussi des Critiques
Ces hommages touchent souvent les artistes concernés. Loretta Lynn en est l’exemple parfait. Mais tous ne sont pas ravis. En mai 2019, à Zurich, Hammett et Trujillo ont repris « The Usurper » de Celtic Frost. Tom G. Warrior (de son vrai nom Thomas Gabriel Fischer), ex-chanteur du groupe, n’a pas mâché ses mots dans Rolling Stone : « Ils l’ont massacré, c’était humiliant. Pourquoi ne laissent-ils pas leurs doigts millionnaires tranquilles ? Ils ont perdu l’aptitude à jouer du vrai métal, à mon avis. Peut-être que je devrais monter sur scène et faire une version pitoyable de ‘Hit the Lights’ avec 200 erreurs pour rétablir l’équilibre. »
Malgré ces couacs, les « doodles » restent un pilier des shows de Metallica, apportant une dose d’humanité et de surprise. À Sydney, avec AC/DC et Rose Tattoo, ils ont une fois de plus prouvé leur audace. Trujillo conclut : « C’était du boulot acharné – des heures au téléphone pour les prononciations. Parfois, on se prenait des claques, mais les grands slams, comme à Paris ou Moscou, où on rend hommage à un ‘David Bowie local’, valaient tout. Cette connexion émotionnelle avec la foule est irremplaçable. »
Pour revivre ces moments, des vidéos des performances à Sydney circulent déjà sur YouTube, immortalisant l’énergie brute de ces duos improbables. Metallica continue ainsi d’innover, prouvant que même après quarante ans de carrière, le groupe sait encore étonner. Prochain arrêt de la tournée : qui sait quel hommage local nous réserve le duo Trujillo-Hammett ?
