Avis – III – Bougies & Débuts

Un pont de soie invisible, des incursions dans le rêve : L’étrange et magnifique univers d’AURI

Depuis vingt ans, Tomas Holopainen s’est révélé bien plus qu’un simple musicien. Ses albums avec NIGHTWISH, des œuvres monumentales, ont toujours transcendé le cadre musical pour explorer des thèmes profonds et complexes. Ce désir d’exploration artistique s’étend à son projet AURI, un univers radicalement différent de l’univers populaire de NIGHTWISH et pourtant intrinsèquement lié. « III – Candles & Beginnings », troisième opus du groupe, dévoile une alchimie musicale intrigante entre Holopainen, sa femme Johanna Kurkela et le multi-instrumentiste Troy Donockley. Le résultat, en rupture avec le métal mainstream, plonge l’auditeur dans un paysage sonore enrichi, folk et ambient, à la beauté parfois déroutante.

Si les deux premiers albums d’AURI ont rencontré un franc succès en Finlande, le troisième vise un public international. Mais le voyage s’annonce bien plus complexe qu’un simple déploiement de chansons rock. « Le Pont de Soie Invisible », première piste, est un enchantement délicat : folk rock lumineux soutenu par des flûtes captivante et des basses profondes. Un aperçu des rêves de Holopainen, transformés en une beauté sublime. Toutefois, le cheminement attendu de l’alt-rock mystique tourne rapidement vers des territoires plus énigmatiques.

« L’Apparition Parle » est une hallucination quasi-Krautrock, la voix de Kurkela piégée dans les engrenages d’une machine menaçante, des riffs implacables se superposant à ses cris sans paroles. « J’aurai le Langage » exacerbe l’atmosphère oppressante avec des synthés étouffants, des sons mécaniques et des chœurs spectraux, comme un monde cauchemardesque. Cependant, des mélodies plus suaves, telles que celles de « Libraries Of Love » et l’envolée légèreté de « Blakey Ridge », rappellent un folk rock futuriste au murmure délicat. « Museum of Childhood » se situe à la frontière entre la mélancolie symphonique du métal et le charme envoûtant du dream pop.

Cette richesse et cette expérimentation culminent dans le final, « Un Garçon Voyageant Avec Sa Mère ». Un torrent ambiant de synthés, des embellissements folk traditionnels magiques et les murmures poétiques de Kurkela créent une ambiance hypnotique à la David Lynch, d’une élégance glaciale. L’ambiance est soulignée par l’utilisation subtile de pianos et de cordes, d’un accompagnement électronique envoûtant, faisant de chaque montée et chaque crescendo une expérience plus poignante que la précédente. « Un Garçon Voyageant Avec Sa Mère » dépasse largement le reste de l’album, mais le prélude vers cette conclusion incroyable est une exploration en soi, une aventure musicale hors du commun, à savourer au ralenti. Un véritable rêve à partager avec les esprits libres.