
Avis – Nous exigeons un bonheur permanent
Le Cri des Sourds : Un Réveil Punk dans l’Abîme de l’Existentialisme
Le monde contemporain est un chaos. Les individus s’abîment dans un abîme de bêtise, la soi-disant civilisation vacille irrémédiablement. S’élever au-dessus du vacarme est presqu’impossible. C’est là qu’intervient DEAF CLUB. Motivés par un désir collectif de se soustraire à leur propre acouphène et aux bêlements morbides de l’humanité, ces quatre incarnations sacrilèges du sarcasme et du désespoir ont allumé le feu du punk hardcore depuis 2010. « We Demand A Permanent State Of Happiness », leur nouvel album, est leur œuvre la plus férocement furieuse à ce jour. Comme des grenades lancées sur des idiots racistes, c’est un acte de brutalité nécessaire, un incinérateur du Zeitgeist alimenté par la seule rancœur.
Le chanteur, Justin Pearson, est un vétéran de cette arène, membre d’un cortège de groupes socialement inconformes, de THE LOCUST à DEAD CROSS, et bien au-delà. Ses compagnons de route sont clairement sur la même longueur d’onde. Les chansons explosent comme des émeutes de rue, avec les quatre musiciens verrouillés dans une hostilité perpétuelle. Le bruit est le point.
Musicalement, DEAF CLUB offre des doses de punk corrosif et de ‘core tordu, ornés d’un bruit débridé et de paroles construites sur des slogans désespérés et des accès de dégoût absolu. Les spectres d’icônes subversives comme les DEAD KENNEDYS et BIG BLACK planent à l’arrière-plan, mais les anti-chants tels que « Nihilisme pour Béotiens », « Crap Circles » et « Illusion de Fréquence » s’élancent sur leur propre voie unique et sans issue. Bondissements, hurlements, crachats, vomissements… C’est un punk rageur poussé à ses limites et reconstruit comme une installation artistique absurde, visant à ne plaire à personne et à activement repousser toute implication humaine. C’est ainsi, absurdement divertissant et profondément dérangeant à la fois.
Des riffs anguleux s’entrechoquent à des vitesses insensées, les rythmes sont déformés en figures qui hanteront votre cerveau endormi, tandis que Pearson hurle avec une telle véhémence que chaque chanson est une purge viscérale et implacable.
Alors que l’humanité tourne en rond au fond du trou noir de l’existence, des albums comme celui-ci sont absolument essentiels pour préserver la lucidité des esprits ouverts. DEAF CLUB est bruyant, désagréable, dérangé et imprégné d’un cynisme corrosif qui suscitera soit une excitation totale, soit une horreur absolue chez l’auditeur. Dans l’un ou l’autre cas, le travail est parfaitement accompli.