Critiques – La Cendre Éclipse la Chair

TERROR CORPSE : « Ash Eclipses Flesh », un brasier de death metal texan qui ravage tout

Dans l’univers foisonnant du death metal, où des milliers de groupes se disputent l’attention des fans les plus acharnés, le temps est une ressource précieuse. Explorer cette scène en expansion constante demande du discernement, et c’est souvent l’esprit des échanges de cassettes d’antan qui guide les vrais passionnés : des recommandations fiables, des endorsements sincères, et des liens familiaux dans le milieu underground. En fin de compte, être fan de death metal se résume à une question simple : à qui faire confiance ? La réponse est claire pour beaucoup : à Dobber Beverly. Figure emblématique de l’underground depuis plus de vingt ans, ce batteur texan et force créative des OCEANS OF SLUMBER est un pilier de l’extrême metal. Avec des collaborations prestigieuses comme les grindcoreux légendaires d’INSECT WARFARE ou les death-doomers ténébreux de MALIGNANT ALTAR à son actif, sa réputation est solide comme un crâne fracassé. Sa soif insatiable de riffs destructeurs n’a jamais faibli, et TERROR CORPSE, son nouveau projet, est une tentative audacieuse de ressusciter l’esprit brut du death metal texan des années 90.

« Ash Eclipses Flesh » n’est pas un simple retour en arrière nostalgique, ni une réaction mesquine à la précision chirurgicale du death metal moderne. C’est une déclaration honnête et viscérale, un appel à ramener l’obscurité destructrice et le chaos déconcertant au cœur de ce genre monstrueux. Dès les premières notes, l’impact est immédiat : le son est pur, organique, loin des productions aseptisées. Les batteries claquent comme des coups de fouet sur de la chair, les guitares bourdonnent d’un grave écrasant et pulverisateur, et les vocaux hurlent une laideur infernale et bestiale. Tout vibre d’une vie réelle, imprégnée d’une dévotion aux maîtres incontestés : de CELTIC FROST et POSSESSED à INCANTATION et AUTOPSY. Les vétérans du death metal y trouveront un écho immédiat de malveillance authentique et de folie pure, tandis que les plus jeunes, biberonnés aux récentes explosions texanes comme FROZEN SOUL, TRIBAL GAZE ou UNIVERSALLY ESTRANGED, seront prêts à plonger tête la première dans cet abîme.

Ce qui distingue TERROR CORPSE, c’est leur refus catégorique des astuces modernes pour exprimer leur dégoût primal. « Ash Eclipses Flesh » est un assaut vomitivo et choquant, tout droit sorti des entrailles d’un enfer calciné par le soleil texan. Des titres comme « Pyre of Ash and Bone », « Gate Zero » ou « Fallout Obliteration » tissent des toiles épaisses de riffs sirupeux et de brutalité impitoyable, ponctuées de blastbeats vicieux et de plongées nauséeuses dans un sludge downtempo. L’accroche typique du death metal des 90’s est bien là, mais TERROR CORPSE reste trop intransigeants et tordus pour être accessibles au grand public. Parmi les sommets abominables, « Blissful Incineration » déploie une bouillie schizophrène et hantée, tandis que « Sons of Perdition » nous entraîne dans une descente fétide vers les flammes. Et même la reprise finale de « Into the Crypt of Rays » de CELTIC FROST, icône absolue, sonne comme un carburant supplémentaire pour l’incendie texan plutôt qu’un simple hommage poli.

Chaque seconde de cet album est un jaillissement de sauvagerie grotesque et sincère, sans temps mort ni compromis. « Ash Eclipses Flesh » s’impose comme l’un des disques de death metal les plus létalement efficaces de l’année, un souffle putride d’air old-school à savourer alors que l’hiver nous attire dans son gouffre gelé. Attention, les novices : ne jouez pas avec TERROR CORPSE. Ils dévorent les âmes pour le plaisir.

Tracklist :

  1. Pyre of Ash and Bone
  2. Gate Zero
  3. Womb of the Hollow Earth
  4. Blissful Incineration
  5. Fallout Obliteration
  6. Nuclear Winter
  7. Transmission Beta
  8. The Hollow that Devours
  9. Sons of Perdition
  10. Into the Crypt of Rays (CELTIC FROST cover)