
Critiques – Le Bleu d’Aucune Part
L’Évasion Sonore de Between the Buried and Me dans « The Blue Nowhere »
Entre les enfouis et moi, après 25 ans d’existence, continue de surprendre et d’innover avec leur onzième album, « The Blue Nowhere ». Plus qu’une simple suite à « Colors II », cet opus marque une nouvelle étape dans l’évolution musicale du groupe, à la fois audacieuse et méticuleuse. Libérés des contraintes d’un concept préétabli et de l’ombre du départ de Dustie Waring, les quatre membres de BTBAM s’affirment ici comme un quartet plus affirmé que jamais, propulsant le groupe encore plus haut dans l’univers du prog metal.
Le nouvel album, publié sous le label InsideOut, n’est pas sans rappeler le tournant créatif initié par « Coma Ecliptic » il y a une décennie. « The Blue Nowhere » hérite donc de cette maturité musicale, de cette recherche mélodique, tout en conservant l’esprit irrévérencieux et l’inventivité qui ont toujours caractérisé BTBAM. Le désir de créer une œuvre unique, connectant les aspects thématiques et émotionnels, est manifeste et louable. L’album semble presque regorger d’idées brillantes, rendant crédible le cliché, souvent usé, du disque comme un voyage nourrissant.
L’ouverture avec le single « Things We Tell Ourselves In The Dark » est un excellent exemple de cette évolution. Un morceau funk acidulé, aux vocalises de Tommy Rogers empreintes de classe et d’une sensibilité pop raffinée, le tout propulsé par une dynamique progressive métal ultra-moderne. L’interaction entre Dan Briggs à la basse, Paul Waggoner à la guitare et Blake Richardson à la batterie est précise, intuitive et époustouflante. Cette composition, aussi accrocheuse qu’une épopée de huit minutes, est l’une des chansons les plus immédiatement adorables du groupe.
L’ensemble de l’album est riche en réflexions sur l’état des choses, les états d’esprit et les dialogues complexes qui les relient. Des épopées élaborées, certes, mais chaque morceau regorge de mélodies percutantes et d’inventions exubérantes, créant un flux musical authentiquement contemporain. « God Terror » est belliqueux et tortueux, « Absent Thereafter » un tourbillon furieux de fusion avant une descente en territoire blues, « Door #3 » un mélange explosive de death metal et de prog noir. « Psychomanteum » et « Slow Paranoia », quant à eux, sont des exercices de folie de 11 minutes, truffés de surprises dynamiques.
Les deux dernières pistes illustrent parfaitement l’évolution de BTBAM depuis l’album fondateur « Alaska » (2005). Le titre éponyme, malgré sa brièveté (seulement six minutes), est une ode à la beauté. Une introduction instrumentale sonore et désarmante, un cœur mélodieux de prog rock, et des voix de Tommy Rogers sophistiquées et envoûtantes. La conclusion, « Beautifully Human », est une descente graduelle vers la destination du disque, avec une intervention acoustique magistrale de Paul Waggoner, enveloppant l’écoute d’une atmosphère mi-mélancolique mi-épique.
En fin de compte, « The Blue Nowhere » n’est pas seulement un album, c’est un témoignage de la joie de création de Between the Buried and Me. Après 25 ans de musique, le groupe se révèle aussi unique et précieux que possible, entrelaçant avec maestria des centaines d’idées originales dans une tapisserie inventive et audacieuse, le tout imprégné de la puissance viscérale de la musique progressive metal.