DAVE MUSTAINE : « Ride The Lightning » de METALLICA est « un sacré morceau » : La performance vocale originale de JAMES HETFIELD « était vraiment formidable »

Dave Mustaine boucle la boucle avec Metallica : « Ride The Lightning » sur l’album final de Megadeth

Par [Votre Nom ou Fictif], Journaliste Musical – 31 décembre 2025

Dans une interview exclusive accordée au magazine Guitar World, Dave Mustaine, le fondateur et leader de Megadeth, a levé le voile sur l’une des surprises les plus émouvantes de l’album final du groupe, sobrement intitulé Megadeth. Sorti le 23 janvier 2026 via le label Tradecraft de Mustaine en partenariat avec BLKIIBLK (nouveau venu du Frontiers Label Group), cet opus marque la fin d’une carrière légendaire pour le thrash metal. Parmi les 11 pistes, une bonus track attire particulièrement l’attention : la reprise de « Ride The Lightning », le titre phare de l’album éponyme de Metallica datant de 1984. Et pour cause, Mustaine en est le co-auteur, ayant contribué à sa création avant son départ forcé de la formation en 1983.

Un hommage sincère pour clore un chapitre

Mustaine n’a pas mâché ses mots pour expliquer les motivations derrière cette décision. « La principale raison pour laquelle j’ai choisi de faire cela était de boucler la boucle et de rendre hommage à mes anciens partenaires », confie-t-il dans Guitar World. « C’était une façon géniale de le faire. » Contrairement à d’autres reprises de groupes invités sur les albums de Megadeth – souvent choisies sur un coup de tête –, cette version a fait l’objet d’une réflexion approfondie. « Tout ce que je voulais, c’était jouer la chanson que j’ai écrite avec les gars de Metallica », ajoute-t-il. Il s’agit avant tout d’un geste de respect envers James Hetfield, qu’il qualifie de « guitariste incroyable », et Lars Ulrich, « un excellent parolier ». Mustaine se remémore avec émotion les sessions de composition : « Quand j’étais là-bas, Lars ne se contentait pas de rester assis ; il était essentiel pour façonner ces chansons. »

L’enregistrement de démos à l’époque de Metallica n’avait jamais permis une production complète de « Ride The Lightning ». « Ça aurait été génial d’entendre une version produite en grand », regrette Mustaine, qui loue au passage la performance vocale originale de Hetfield : « En l’écoutant à nouveau, c’était vraiment impressionnant. » Pas de stratégie commerciale ici, assure-t-il : « J’ai du respect pour ces gars, et je voulais juste le montrer. Et c’est une sacrée chanson ! »

Des racines tumultueuses chez Metallica

Cette reprise n’est pas anodine dans le contexte de l’histoire mouvementée de Mustaine avec Metallica. Invité sur la plateforme SiriusXM dans l’émission Trunk Nation With Eddie Trunk le 5 décembre dernier, le musicien a retracé les origines de ce choix. Géré par une équipe tripartite (Danny Nozell, Steve Ross et son fils Justis Mustaine), Megadeth discute toujours d’une reprise pour chaque album. Mais cette fois, « ce n’était pas une simple cover, parce que je l’ai écrite avec James », précise-t-il. L’idée a émergé comme un tribut à la bande qu’il a cofondée : « Si je pars à l’horizon, je veux honorer le groupe où tout a commencé, et mentionner ce que je pense de James. »

Mustaine se souvient vividly de la première fois où il a vu Hetfield à la guitare, lors d’un concert au Whisky A Go Go à West Hollywood. À l’origine chanteur, Hetfield s’est révélé comme un « putain de monstre » à la six cordes, remplaçant un guitariste douteux nommé Brad Parker (alias Damian Phillips), dont l’apparence « années 80 à la Rudy Sarzo » n’a pas convaincu. « J’étais excité pour moi, pour le groupe », raconte-t-il. Pour le titre, « Ride The Lightning » s’est imposé naturellement : co-écrit avec Hetfield, Ulrich et le regretté Cliff Burton, il évitait les évidences comme les morceaux de Kill ‘Em All (déjà revisités via « Mechanix », devenue « The Four Horsemen »). « The Call Of Ktulu » a été écarté, trop modifié par la suite. La version Megadeth accélère légèrement le tempo, renforce certains passages pour un son plus moderne, et Mustaine insiste : « Quand on reprend une chanson, il faut la faire aussi bien ou mieux. »

Dans une interview d’octobre à Rolling Stone, Mustaine approfondit : « Ce n’était pas juste vouloir faire ma version. C’était plus grand que ça, c’était du respect. » Il évoque sans amertume son admiration pour Hetfield : « Personne ne parle de ça, mais un jour il est chanteur, le lendemain il est une putain de force de la nature. J’ai toujours respecté son jeu de guitare. » L’intention est pure, loin de toute tentative de réconciliation forcée après 40 ans de tensions : « Je veux faire des choses respectables à l’avenir. Et le jeu de guitare de Metallica a changé le monde – je déteste le dire, ça sonne arrogant, mais c’est vrai. »

Retour sur les débuts : de Panic à l’audition fatidique

Pour comprendre ce geste, il faut remonter aux origines. Dans un podcast marathon de trois heures avec Shawn Ryan (ex-Navy SEAL et animateur du Shawn Ryan Show) en mai dernier, Mustaine raconte comment il a rejoint Metallica. Fraîchement quitté de son groupe Panic, il repère une annonce dans The Recycler, un journal de petites annonces de Los Angeles. « Guitariste lead recherché », avec des références à Motörhead et Budgie. L’icebreaker avec Ulrich ? Son amour pour ce trio gallois obscur. « Tu aimes putain de Budgie, mec ? », s’exclame Lars, impressionné par cette connaissance du NWOBHM.

L’audition se passe à Newport Beach, chez Ulrich. Mustaine critique déjà « Hit The Lights » (écrite par Lloyd Grant) pour son manque de solos. Premier essai chez Ron McGovney : il branche sa gratte, chauffe, et les autres ne rentrent même pas dans la pièce. « T’as le job », lancent-ils. « Je savais que j’étais bon. Il n’y avait pas beaucoup de shredders comme moi à l’époque – Randy Rhoads, Warren DeMartini de Ratt, c’est tout. »

Les débuts sont rock’n’roll : Mustaine gère les bastons et les paiements aux clubs comme The Stone à San Francisco. Mais le voyage fatal vers New York en 1983 tourne au drame. Un accident de camion sur verglas (conduit par Mustaine) manque de coûter la vie à leur ingénieur son, Mark Whitaker, que le guitariste sauve in extremis. À l’arrivée, limogeage sans préavis : « Pas d’avertissement ? C’est injuste, un manque de caractère flagrant. » Les raisons officielles ? Son alcoolisme violent, alors que « tout le monde buvait – ils s’appelaient Alcoholica pour ça ». Mustaine admet : « Quand j’étais saoul, je devenais violent. » Il évoque une bagarre avec Hetfield après un coup de pied à son chiot, et une autre où il neutralise un agresseur dans une ruelle de San Francisco.

Co-écrivain de hits comme « Phantom Lord », « Metal Militia », « Jump In The Fire », « The Four Horsemen », et même des riffs de « Leper Messiah » sur Master Of Puppets, Mustaine regrette les crédits manquants. « Tous les solos du premier album étaient les miens ; Kirk [Hammett] a essayé de les copier. » Après son renvoi, il fonde Megadeth, jurant de ne plus se laisser faire.

Un cercle qui se ferme, malgré les ombres

Des années plus tard, les tensions persistent. En 2022, Mustaine évoquait une possible collaboration avec Hetfield, mais des différends sur les droits d’auteur (notamment pour la réédition de la démo No Life ‘Til Leather) ont tout bloqué. Ulrich voulait des crédits sur des chansons qu’il n’a pas écrites, selon Mustaine : « James et moi étions les seuls auteurs. Lars n’a rien écrit. » La cassette limitée pour Record Store Day 2015, avec artwork d’Ulrich, a tourné court. « C’était censé être une célébration, pas une guerre », admettait Lars en 2016, sans entrer dans les détails légaux.

Malgré cela, « Ride The Lightning » sur Megadeth sonne comme une réconciliation symbolique. Dans un message vidéo, Mustaine explique : « On l’a accélérée un peu, Teemu [Mäntysaari, guitariste de Megadeth] et moi avons joué avec le solo. Mais c’était pour boucler la boucle, honorer notre amitié tendue, et reconnaître comment James et moi avons changé le monde avec nos guitares. »

La tracklist de Megadeth :

  1. Tipping Point
  2. I Don’t Care
  3. Hey, God?!
  4. Let There Be Shred
  5. Puppet Parade
  6. Another Bad Day
  7. Made To Kill
  8. Obey The Call
  9. I Am War
  10. The Last Note
  11. Ride The Lightning (bonus track)

Avec cet album, Mustaine ne ferme pas seulement un chapitre de Megadeth, mais un cycle entier du thrash metal. Un geste d’adulte, loin des rancunes du passé, qui rappelle que le metal, c’est aussi des ponts rebâtis sur des riffs immortels.

Article basé sur des interviews récentes de Dave Mustaine. Photo de couverture : Andrew Daly pour Guitar World.