La Communion dans l’Angoisse

TITHE et la communion angoissée : un voyage dans le métal extrême aux enjeux politiques

Depuis près d’une décennie, le trio de Portland TITHE s’écarte des sentiers battus. Initialement se démarquant par un death metal teinté de blackened, crust et powerviolence, l’évolution du groupe vers un death metal plus dissonant et violent n’a pas éclipsé son engagement politique. « Communion In Anguish », leur troisième album, est une plongée au cœur d’un métal hypnotique et implacable, mais une interrogation sur la capacité du groupe à transcender son potentiel.

L’album débute en force avec « Nostrum », un hymne-drive au death metal mordant, ponctué par la batterie frénétique de Kevin Swartz. Les vocaux doubles, mâles et hallucinés, amplifient cette atmosphère de guérilla sonore. Une innovation notable réside dans l’intégration du chant guttural de basse d’Alex Huddleston, s’ajoutant aux hurlements et cris typiques de Matt Eiseman, renforçant la puissance brumeuse de l’ensemble.

L’album excelle dans la création d’une tension constante, mais cette maîtrise du suspense semble parfois se perdre dans l’exécution. « At the Altar Of Starving Children », malgré son explosion initiale, perd de son souffle, se dissipant comme une bulle qui se dégonfle avant d’atteindre son apogée. De même, la longue pièce « Shallow Grave Of Karmic Retribution », si pleine de mouvements agressifs, souffre d’un manque de fluidité dans ses transitions. « The Fruits Of Spiritual Apartheid » se distingue cruellement, captant l’énergie maniaque du grindcore primitif à travers le prisme du death metal moderne, incarnant avec force leur conviction sur l’utilisation de la doctrine religieuse pour justifier la violence et la haine.

En définitive, TITHE réussit le pari de maintenir un esprit musical personnel et de s’éloigner des clichés du death metal contemporain. Leur approche est audacieuse et leur passion communicative, rendant « Communion In Anguish » précieux aux amateurs de musique extrême désireux d’échapper à l’ennui. Ce troisième opus est rempli de rebondissements qui semblent conçus pour être déchaînés sur scène. Toutefois, un sentiment inachevé persiste, comme si le groupe n’avait pas totalement exploité son potentiel, surtout compte tenu de leur talent et de leurs déclarations politiques fortes. L’intensité de leur message, parfois voilé, en fait un exercice à part entière, une tentative de dénonciation dissimulée dans l’horreur des riffs. Les trois musiciens d’Oregon méritent toute l’admiration pour avoir osé s’écarter de la formule fatale du death metal underground, et l’album ouvre une brèche vers un univers musical captivant, malgré quelques faiblesses dans l’exécution.