La guitare légendaire Unplugged de Nirvana vient de changer de mains

La guitare iconique de Kurt Cobain lors de l’« Unplugged » de Nirvana trouve un foyer permanent

La guitare Martin D-18E de 1959, utilisée par Kurt Cobain lors de la performance légendaire de Nirvana en 1993 pour l’émission « MTV Unplugged », a désormais un foyer définitif au Royal College of Music. Cet instrument mythique, qui a marqué l’histoire du rock, est prêt à inspirer de nouvelles générations de musiciens et s’apprête à partir en tournée d’exposition mondiale.

Pour les fans qui ressentent encore un frisson en écoutant les premiers accords doux de « About a Girl », voir cette guitare en vrai évoque la rencontre avec une célébrité adorée depuis l’adolescence. Elle est au cœur de l’un des albums live les plus émouvants et appréciés de tous les temps : « MTV Unplugged in New York ». C’est également l’un des derniers instruments que Cobain a joué en public avant sa disparition l’année suivante, ce qui lui confère une aura de mélancolie et de tendresse indélébile.

L’histoire tumultueuse de la guitare « Unplugged » de Kurt Cobain

Au fil des décennies, cette guitare a connu une existence digne d’un roman rock’n’roll : voyages incessants, rebondissements dignes d’une saga sentimentale, batailles judiciaires coûteuses, et enfin, une valorisation astronomique qui en fait l’une des guitares les plus précieuses au monde. Passée entre mains privées pendant des années, elle a été vendue en 2020 pour un montant record de six millions de dollars, provoquant l’étonnement des collectionneurs, l’effervescence des médias et l’admiration des admirateurs.

L’acquéreur n’était autre que Peter Freedman, fondateur de RØDE Microphones, qui en est devenu le propriétaire. Mais au lieu de la conserver comme un trophée personnel, il a choisi de la donner généreusement et de manière permanente, avec une dimension éducative forte. L’instrument a passé l’année en exposition spéciale au Royal College of Music, attirant des hordes de fans et captivant les étudiants par son aura presque magique. À la fin de l’exposition en novembre, plutôt que de la ranger dans un coffre, Freedman a officialisé le don, intégrant ainsi la guitare à la collection permanente de l’établissement.

« Je suis ravi de faire don de cette guitare iconique au Royal College of Music », a déclaré Freedman, soulignant son désir d’inspirer les jeunes musiciens du monde entier. Il a dédié ce geste à son père, Henry, un hommage touchant qui s’accorde parfaitement avec l’émotion profonde que porte l’instrument.

James Williams, directeur du Royal College of Music, a exprimé une profonde gratitude pour cette donation exceptionnelle, la qualifiant d’acte de générosité remarquable et d’opportunité majeure pour l’institution. Et il n’exagère pas : il ne s’agit pas d’une simple relique poussiéreuse, mais de l’instrument qui a transformé le grunge en une poésie intemporelle lors de cette soirée inoubliable.

Une tournée internationale en 2026

L’aventure ne s’arrête pas aux murs de Londres. Le Royal College of Music prévoit d’envoyer la guitare en tournée d’exposition internationale dès 2026. Imaginez des vitrines illuminées, un éclairage dramatique, des fans murmurant avec excitation : « Mon Dieu, elle ressemble exactement à celle de la pochette d’album ! » Le tout, avec une proximité presque irrésistible. Ce sera un événement majeur pour les amateurs de musique.

Parlons un peu de l’instrument lui-même, car elle a une personnalité unique. Le Martin D-18E, produit en série limitée à la fin des années 1950, est un hybride original entre acoustique et électrique. La version de Cobain a été adaptée pour un gaucher, et elle porte les traces discrètes d’usage – éraflures, marques d’usure – qui racontent une histoire silencieuse sans même effleurer les cordes. Il y a quelque chose d’intime et de poignant dans ces détails gravés dans le bois, comme un vieux blouson de cuir marqué par les aventures.

Pour un étudiant du Royal College of Music, croiser cette guitare en se rendant en cours – avec un étui à violon ou une partition sous le bras – représente une inspiration imprévue. Elle frappe comme un rappel créatif, poli mais percutant, rappelant comment un objet a révolutionné la musique live.

Un pont entre classique et rock

Il y a une magie particulière à voir cette guitare côtoyer des instruments centenaires dans une institution classique. C’est comme si le rock et la musique savante se serraient la main, ou si Mozart et une icône grunge des années 90 se saluaient dans un musée bondé. Cela comble les vides de l’histoire musicale, avec ses aspérités, ses innovations et ses secousses émotionnelles.

La tournée de 2026 amplifiera cette excitation. Les fans du monde entier pourront se tenir à quelques centimètres de la guitare qui a fait de « All Apologies » une berceuse poignante et de « Where Did You Sleep Last Night » un choc culturel. Ils observeront les cordes, les rayures, et imagineront la sensation de la tenir, de l’accorder, de respirer au rythme de ses notes. Un tel accès est rare dans l’histoire de la musique, et il deviendra bientôt planétaire.

Un legs accessible à tous

Ce don marque un tournant rafraîchissant : loin des collections privées élitistes, cette guitare échappe à l’enfermement pour être étudiée, admirée et célébrée publiquement. Elle devient un enseignant vivant, un vestige animé, un rappel que la musique n’appartient pas à un seul propriétaire, mais à quiconque vibre à son contact.

Désormais, la guitare fameuse de l’« Unplugged » a trouvé sa place permanente : non dans un coffre-fort, derrière une corde de velours ou un lieu secret, mais dans une école de musique grouillante de talents passionnés, d’étudiants aux ambitions démesurées et de visiteurs émerveillés par un morceau d’histoire rock encore vibrant de vie.

L’instrument qui a donné naissance à « MTV Unplugged in New York » continuera d’inspirer, de surprendre et de remuer les cœurs pour les années à venir. Et franchement, c’est exactement là où il doit être.