
Les Avis – L’Exode de la Gravité
Arcadea : « L’Exode de la Gravité », un nouveau voyage dans l’espace sonore
Huit ans après leur fascinant album de débuts, ARCADEA, le duo formé par Brann Dailor de MASTODON et Core Atoms, est de retour, les chaussures de danse aux pieds. On ne pouvait attendre autrement de cette collaboration entre deux âmes libérées, partageant une passion du rock progressif et une remarquable dextérité dans l’utilisation des synthés modulaires.
Comme l’a déclaré Dailor, le premier album d’ARCADEA s’aventurait profondément dans le territoire prog. Si le rock synthétique, scintillant et communicatif du projet n’était pas dénué de groove, il présentait à plusieurs reprises des ressemblances avec la légendaire fougue de MASTODON. « L’Exode de la Gravité » conserve l’essence sonore, mais se positionne comme une œuvre bien plus joyeuse et euphorique. S’appuyant sur une trame narratif sci-fi légèrement floue, les chansons sont clairement conçues pour mettre les pieds dans le mouvement.
L’un des premiers constat est l’originalité d’ARCADEA dans le paysage musical actuel. Libérés des contraintes des guitares et portés par des murs de synthés luminescents et la batterie sans faille de Dailor, chaque morceau, de la puissante ouverture « Dark Star » au cataclysme final de « Planet Pounder », sort des sentiers battus contemporains. L’influence des grands groupes synth-rock des années 70, d’EMERSON LAKE & PALMER à CYBOTRON, et des légendes du prog comme GENESIS et YES, est perceptible. Pourtant, « L’Exode de la Gravité » est une explosion colorée et hautement dansante de rock futuriste, où la voix de Dailor, de plus en plus impressionnante, navigue avec aisance sur un océan d’électronique.
Par moments, l’accessibilité d’ARCADEA est si forte qu’ils semblent aussi fascinés par la pop excentrique et décalée que par le prog plus affirmé. C’est l’amalgame de ces deux influences, particulièrement audible dans « Fuzzy Planet » et « Lake of Rust », qui génère ce résultat funk profondément captivant, projeté sur les dancefloors cosmiques de nos rêves les plus fous.
Les moments forts sont nombreux : le prog spatial nerveux et délicat de « Gilded Eye », la menace décalée et riffée de « Galactic Lighthouse », le shuffle astral et extatique de « The Hand That Holds the Milky Way ». Considéré dans son ensemble, « L’Exode de la Gravité » se ressent davantage comme un cycle de chansons étendu, articulé autour d’un récit étincelant et extravagant, dans l’esprit des classiques albums prog qui ont inspiré la formation d’ARCADEA. Deux fois plus divertissant que son prédécesseur, ce second voyage spatial d’ARCADEA est aussi plus concentré. La voix et la batterie de Dailor, aussi distinctives que toujours, s’associent à des paysages sonores de synthés de Core Atoms, uniformément palpitants. Le vacarme rapide de « Starry Messenger » en est la parfaite illustration : c’est un son de joie utopique, fusionné à une musique des plus contagieuses et stimulantes, agrémentée de solos de claviers indulgents, reliant le passé et le présent, et d’une impulsion constante que peu de groupes rock traditionnels peuvent égaler. Plus important encore, « L’Exode de la Gravité » transforme un projet apparemment unique en quelque chose de bien plus consistant et significatif. Si ARCADEA est venu pour rester, leur prochaine étape promet d’être spectaculaire.