SKUNK ANANSIE abandonne les riffs : « L’électronique, c’est la chose la plus excitante au monde en ce moment »

Les icônes du rock britannique SKUNK ANANSIE ont retrouvé leur inspiration dans un lieu isolé de Devon, en Angleterre, pour enregistrer leur nouvel album, « The Painful Truth », leur premier en neuf ans. Cette retraite, vécue en compagnie du producteur David Sitek, s’est révélée être une expérience transformatrice. Le groupe, connu pour sa fusion de riffs de rock pulsants et des vocales saisissantes de Skin (Deborah Dyer), a dénudé son son jusqu’à l’essentiel, mis davantage l’accent sur la voix de Skin, et embrassé les technologies électroniques modernes. Le résultat est peut-être l’œuvre la plus audacieuse et inspirée du groupe en 30 ans, brouillant encore davantage les frontières de leur identité musicale, allant du post-punk au rock électronique, en passant par des motifs mélancoliques au piano.

« The Painful Truth » arrive à un moment de nostalgie rock des années 1990. SKUNK ANANSIE a émergé en 1995 avec son album de débuts « Paranoid & Sunburnt » et son successeur « Stoosh » de 1996, tous deux atteignant le Top 10 au Royaume-Uni. Alors que le groupe pourrait facilement retravailler ses hits et produire des albums live, Skin et le batteur Mark Richardson trouvent cette idée contraire à l’essence même du groupe, un sujet abordé lors d’une interview avec BLABBERMOUTH.NET.

BLABBERMOUTH.NET : Comment percevez-vous « The Painful Truth » ? Est-ce une renaissance de SKUNK ANANSIE ? Un renouveau ?

Skin : « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une renaissance; il s’agit d’évoluer. C’est définitivement SKUNK ANANSIE. Il y a quelque chose qui me gêne dans l’utilisation de ce mot. Je ne sais pas pourquoi. C’est plutôt une évolution de notre son, un processus qu’ils essayaient de mener depuis un certain temps, et qui se concrétise soudainement. Nous avons finalement travaillé avec le bon producteur pour nous aider, Dave Sitek de TV ON THE RADIO, NINE INCH NAILS, et toutes ces personnes extraordinaires. On a l’impression d’avoir eu la clé. Je pense aussi que cela est lié à beaucoup de changements en coulisses qui nous ont permis de faire ce que nous voulions faire, enfin, de la manière que nous voulions le faire. »

BLABBERMOUTH.NET : Avoir eu la possibilité de faire ces choses a-t-il été une expérience effrayante et/ou libératrice ?

Skin : « Je pense qu’il y a eu de la peur. [Rires] C’était vraiment effrayant. »

Mark : « Oui, pour reprendre une citation de Bono [U2] : ‘Quand on lâche une expression et qu’on se dirige vers une nouvelle expression de soi-même, entre les deux, il n’y a rien.’ Il y a le ‘Que faisons-nous maintenant ?’ D’un côté, c’est effrayant. De l’autre, c’est libérateur et excitant parce qu’on peut expérimenter et faire toutes ces choses merveilleuses que nous ne faisons normalement pas. »

Skin : « C’était aussi comme une citation de David Bowie dans ma tête, sur le fait que ‘si vous vous sentez à l’aise en faisant de la musique, alors vous êtes au mauvais endroit’. Parce que si vous vous sentez à l’aise en faisant de la musique, c’est que vous faites toujours la même chose, c’est pourquoi vous vous sentez à l’aise. Si vous vous forcez à faire quelque chose de différent, ce n’est pas très confortable; c’est très effrayant et imprévisible. Il faut faire confiance à ses instincts pour savoir si c’est bien ou mal fait. La moitié du temps, on ne le sait pas. On ne savait pas ce qu’on faisait avant d’arriver à ‘Artist Is An Artist’. Ça a été le grand tournant pour le reste de l’album, comme, ‘D’accord, c’est incroyable !' »

L’interview détaille ainsi le processus d’écriture et d’enregistrement, mettant en lumière l’importance du rôle du producteur extérieur et de l’environnement de travail isolé, essentiel à la création d’un son authentique et novateur. « The Painful Truth » est un témoignage de la capacité de SKUNK ANANSIE à évoluer et à rester fidèles à leur essence musicale, même lors de moments difficiles pour le rock dans l’ère numérique.