Chroniques

The Damned – Darkadelic (2023)

Pays : ROYAUME-UNI
Style : Rock gothique
Note : 8/10
Date de sortie : 28 Apr 2023
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Les Damned font partie de ces groupes emblématiques qui existent depuis toujours et qui ont peut-être tout fait. À leurs débuts, en 1976, ils ont notamment sorti le premier single punk britannique, New Rose, et le premier album punk britannique, Damned Damned Damned. Dix ans plus tard, ils se sont tournés vers le gothique et, finalement, vers une approche plus psychédélique du punk et du gothique. C’est un groupe idiosyncrasique, en partie à cause de ce mélange unique de styles et en partie parce qu’il est soutenu par la voix douce et emblématique de Dave Vanian, le pilier du groupe depuis ses débuts.

Vanian a maintenu le groupe en vie depuis lors, bien qu’il n’ait jamais été particulièrement prolifique. Il s’agit de leur douzième album studio en un demi-siècle de carrière, le premier depuis Evil Spirits en 2018. C’est un album varié, comme on peut s’y attendre, passant du punk au gothique et vice-versa, avec des sections psychédéliques ici et là et une plongée surprenante dans ce qui me semble être de la pop des années cinquante.

J’ai lu qu’ils visaient les années 70, mais You’re Gonna Realise et Beware of the Clown me semblent plus anciens, comme s’il s’agissait de chansons des années 50 transposées dans un style goth punk, presque comme s’il s’agissait de reprises de chansons qui n’existaient pas jusqu’à présent. Western Promise est la plus fifties, parce que c’est une ballade au fond, avec le croon de Vanian au premier plan et une utilisation fumeuse des cuivres à la fin. Entre le son fifties que j’entends ici et le son seventies qu’ils visaient, il y a des chansons comme Follow Me qui ont un côté garage rock des sixties, en plus du punk des seventies qui les a influencées.

De manière peut-être surprenante, j’ai tendance à aimer les chansons les plus extrêmes de l’album. J’ai lutté pendant deux semaines contre la maladie, mes niveaux d’énergie ont baissé, alors j’ai écouté cet album bien plus longtemps que je ne le ferais normalement pour une nouvelle sortie et il est devenu une sorte de vieil ami. Dans ce contexte, il est révélateur de dire que je ne me suis lassé d’aucune de ces chansons, même si certaines sont clairement meilleures que d’autres. Bien que je n’aie pas eu l’énergie de l’écrire plus tôt, il n’aurait pas été difficile de l’éteindre et je n’en ai tout simplement pas eu envie. C’est un album solide qui ne vieillit pas.

Mais ce sont les chansons les plus extrêmes qui m’ont le plus marqué. Western Promise est le morceau le plus doux de l’album, et donc probablement le moins susceptible de m’intéresser, mais c’est un de mes favoris. À l’autre extrémité du spectre, The Invisible Man et Motorcycle Man se distinguent comme des rockers. Le premier est un excellent morceau d’ouverture, une chanson gothique punky qui s’accélère à mi-parcours et devient encore plus intéressante. Tandis que l’arrière devient rockabilly, l’avant devient mystique. Motorcycle Man change également, passant d’une ouverture emphatique avec un riff si punk qu’il en devient presque métallique – non, ce n’est pas la chanson de Saxon – à une sorte de chanson de plage décontractée.

Mais ce n’est pas tout. Bad Weather Girl ralentit le tempo après l’ouverture et ajoute un clavier effrayant. C’est une musique de carnaval sombre avec un solo de guitare old school tout droit sorti du rock psychédélique. Walk the Dead est très seventies, évoluant dans une atmosphère prog rappelant Pink Floyd et parfois Genesis. Apparemment, Captain Sensible, qui en était à son troisième passage dans le groupe, a appris que les fans faisaient jouer des chansons des Damned lors d’enterrements, et a donc décidé d’en écrire une spécialement à cette fin. Dans l’ensemble, il s’agit d’un album purement gothique.

Roderick clôt l’album dans un style fascinant, aussi inhabituel que Leader of the Gang ne l’est pas quelques chansons avant lui. Cette dernière traite de l’ascension fulgurante et de la chute de Gary Glitter, qui n’est pas encore mort et qui n’est pas encore regretté, et elle est tout à fait dans l’esprit des années soixante-dix. La première, en revanche, s’ouvre sur un texte parlé avec accompagnement. Il s’agit d’un spectacle d’horreur dramatique qui devient une chanson, la voix de Vanian étant soutenue par un piano solo, avant de se transformer en un chant rituel en latin. L’album passe ensuite aux cordes, avec la guitare ebow du producteur Thomas Mitchener et la trompette de Chris Coull, aussi séduisante ici que sur Western Promise. Et, cela dit, c’est souvent un peu comme un thème non conventionnel de James Bond. Il y a beaucoup de choses ici.

Maintenant que j’ai retrouvé de l’énergie, ça va être bizarre de passer de ce nouvel ami pour écouter autre chose, mais j’ai quelques semaines de retard dans mes chroniques et je dois au moins essayer de rattraper un peu mon retard et de me remettre sur la bonne voie. J’ai toujours aimé les Damned mais je n’ai jamais vraiment creusé leur travail, je l’ai simplement apprécié quand je l’ai remarqué. Il est clair que je devrais y prêter plus d’attention. Le joyeux jam de la seconde moitié de Girl I’ll Stop at Nothing vaut à lui seul le prix de l’album, et cela ne fait qu’effleurer la surface de ce qu’il a à offrir.