The Rasmus – Weirdo

The Rasmus, après trente années de carrière, sort son onzième album, « Weirdo ». Le groupe tente un virage radical, cherchant à renouer avec son rock sombre originel et à se renouveler. Dès l’ouverture avec « Creature Of Chaos », l’agressivité est palpable : riffs tranchants, basse profonde et batterie rythmée, le tout rehaussé par une production clinique. Ce retour aux fondamentaux, initialement prometteur, s’avère cependant parfois frustrant.

Les singles « Break These Chains » et « Rest In Pieces » s’inscrivent dans la veine d’hymnes rock, avec des refrains explosifs. Le chanteur, Lauri Ylönen, évoque ouvertement la trahison comme source d’inspiration du morceau. L’album semble célébrer les marginaux, mais le style, malgré ses influences punk, reste trop classique et peu inventif, notamment sur des titres comme « Banksy » ou « Love Is A Bitch ».

L’esthétique générale, de la pochette au clip vidéo, témoigne d’une volonté de paraître « branché », voire un peu trop anachronique. L’intégration d’éléments comme le rap sur « Dead Ringer » accentue l’impression de forcer le trait. Heureusement, l’album offre des moments de grâce, comme « You Want It All » qui dévoile une vulnérabilité bienvenue, et « I’m Coming For You » qui propose une fin plus lumineuse, presque psychédélique. Paradoxe surprenant : c’est précisément lorsqu’il laisse tomber les masques et le jeu de rôles que Lauri Ylönen délivre ses meilleures prestations.

Finalement, « Weirdo » n’est pas une rupture, mais un album de recherche. Après trente ans, le groupe finlandais se cherche avec une certaine maladresse, mais reste sur la bonne voie comparé à ses prédécesseurs. On regrettera cependant une certaine répétitivité, et une tendance à la ringardise qui entache, ici ou là, la force du son.