Chroniques

Collage – Over and Out (2022)

Pays : Pologne
Style : Rock progressif
Note : 9/10
Date de sortie : 2 déc. 2022
Sites : Facebook | Site officiel | Archives Prog

Bienvenue en janvier, où ma première critique de la journée porte sur un album sorti en 2022 que j’aurais dû chroniquer l’année dernière mais que je n’ai pas fait. J’épluche les listes et les classements de fin d’année à la recherche d’omissions notables dans ma couverture et je les répare. Tout d’abord, un album de néo-prog polonais qui a obtenu des notes élevées de la part des critiques, à savoir Archives Prog a été placé tout en haut de la pile pour l’année dernière, du moins en ne comptant que les albums ayant un nombre substantiel d’évaluations. L’équivalent de l’année dernière était Shamblemaths 2, de Norvège, qui était un album incroyable, alors je voulais voir s’ils allaient encore frapper un grand coup. Et oui, ils l’ont fait.

Je n’avais jamais entendu parler de Collage auparavant, du moins de ce Collage-là, mais ils sont originaires de Varsovie et cet album marque leur retour, après une longue absence. Formés en 1985, ils ont sorti quatre albums studio avant de se séparer en 2003, dont un album phare largement reconnu, Moonshine de 1995, que je dois maintenant retrouver. Ils se sont reformés en 2013 mais il leur a fallu une décennie pour sortir un nouveau matériel sous la forme de cet album. Comme ils sont nouveaux pour moi, je n’ai pas attendu avec impatience, mais je pense que beaucoup de gens ont attendu et cet album devrait répondre à leurs attentes.

Sur la base de cet album, ils jouent une saveur britannique de néo-prog qui est lourde sur Marillion, une observation qui ne devrait pas trop choquer, étant donné que Steve Rothery est un guitariste invité sur le morceau de clôture, Man in the Middle. Cependant, ils sont loin d’être des clones et le son qu’ils génèrent est un mélange intriguant de Marillion de l’ère Fish et de Marillion de l’ère Steve Hogarth. Bartosz Kossowicz, le chanteur principal de Collage depuis 2018, rappelle parfois l’un et parfois l’autre mais sans jamais imiter l’un ou l’autre. Les vocaux les plus fascinants pour moi arrivent sur What About the Pain (A Family Album) car on a parfois l’impression que Peter Gabriel a remplacé Fish au lieu de Hogarth.

Collage a certainement confiance en lui, car cet album de près d’une heure commence par un titre épique de plus de vingt minutes, qui est tout à fait à la hauteur de sa réputation. Il passe par un certain nombre de phases : une intro qui plante le décor, une section instrumentale dominée par les claviers, le chant théâtral de Kossowicz qui commande une série de changements d’accentuation, des solos de guitare enjoués de Michał Kirmuć, une série d’interactions fascinantes entre les instruments qui s’étendent et s’étendent sans jamais devenir moins qu’immersives, un ralentissement éventuel vers un piano chatoyant et un chant plus doux, puis une remontée en intensité vers un final brûlant.

Si Over and Out est un chef-d’œuvre de jeu dynamique que l’on chevauche autant qu’on l’écoute, je pense honnêtement que je préfère encore la chanson suivante. C’est What About the Pain, une chanson économe en comparaison, qui se termine en moins de neuf minutes, et elle est plus commerciale, mais elle se développe de façon magnifique, tissant un drame à travers des mélodies jusqu’à un chœur d’enfants vers la fin de la chanson qui s’avère être la cerise sur un délicieux gâteau. Il n’y a qu’un pas que j’ai franchi depuis que j’ai découvert Galahad, avec trois décennies de retard, et je me rends compte que j’ai besoin de ressortir la phrase « où était ce groupe pendant toute ma vie » lors d’une autre critique d’un album néo-prog. Ce n’est pas une mauvaise chose à atteindre lors de la première critique d’une nouvelle année !

Inutile de dire que rien ici ne fait avancer l’album. One Empty Hand est un morceau plus court et plus calme qui souligne à quel point Kossowicz a étudié Fish et maîtrisé sa capacité à passer d’un chuchotement à une commande ferme en un clin d’œil. Et inversement. Il montre également à quel point l’instrumentation est capable de soutenir le chant. A Moment, a Feeling est une épopée de treize minutes soigneusement construite, avec un breakdown étonnant au début du morceau qui ramène brièvement les claviers typiques des années 80 à un riche son des années 70. C’est le morceau le plus progressif du groupe, avec une batterie complexe jouée par le membre fondateur Wojciech Szadkowski, mais Kirmuć a beaucoup d’opportunités à la guitare.

Et puis il y a Man in the Middle, où Steve Rothery prête ses talents à un groupe qui a manifestement prêté attention à ce qu’il a fait au cours des quarante dernières années. C’est du piano pour démarrer, mais ça pousse et ça pousse bien. Rothery fait connaître sa présence au bout de trois minutes environ et le morceau bascule non pas en territoire instrumental mais en territoire floydien. C’est une bonne section, longue aussi par rapport à la fréquence à laquelle les sections d’autres chansons se transforment en d’autres sections, et elle fournit l’occasion d’une coda calme pour conclure la chanson et l’album.

Bien sûr, il y a aussi des points de suspension sous la forme d’un moniteur cardiaque, qui suggère au début de Over and Out que Collage était précisément cela mais, presque une heure plus tard, à la fin de Man in the Middle, il se réveille et nous dit que Collage est de retour et plus sain que jamais.