Chroniques

Crime Scene – Dark Tidings (2023)

Pays : Belgique/États-Unis
Style : Crossover
Note : 7/10
Date de sortie : 1 Mar 2023
Sites : Bandcamp | Instagram | Archives Métal

C’est l’heure d’une nouvelle semaine transatlantique, je crois, avec chaque jour quelque chose des Etats-Unis et quelque chose du Royaume-Uni. La majorité des membres de Crime Scene sont originaires d’Anvers en Belgique, y compris le guitariste PC qui a formé le groupe pour s’attaquer à des chansons qui traînaient pendant COVID. Cependant, bien qu’il soit connu pour Toxic Shock, il s’agit du groupe belge crossover d’aujourd’hui et non du groupe thrash allemand du même nom que je connais des années 80 et 90, donc le plus grand nom ici est sûrement le chanteur, Jerry A du groupe punk Poison Idea, qui est de Portland, Oregon. Donc, ça compte.

Ce groupe est nettement plus metal que Poison Idea, qui a démontré de sérieuses aptitudes à la guitare et à la basse pour un groupe punk, mais qui n’a jamais prétendu être autre chose que du punk pur et dur. Les musiciens qui se cachent derrière Jerry A jouent du thrash metal contrôlé, principalement à un rythme lent ou moyen, mais avec quelques sections plus rapides, de sorte que même si sa voix est reconnaissable, cela ne ressemble pas du tout à Poison Idea. Cela fait partie du but, j’en suis sûr, parce qu’il a fait beaucoup de travaux collaboratifs ces derniers temps qui ne jouent pas dans le style pour lequel il est connu.

Je préfère mon thrash rapide, mais ce rythme fonctionne pour Crime Scene et il fonctionne pour les voix punk posées par-dessus, et c’est précisément comme ça qu’ils l’ont fait. Le contingent belge a enregistré toute la musique en octobre 2020 dans un studio à Laakdal, mais Jerry A a enregistré ses voix séparément, à un autre moment, à cinq mille kilomètres et six mois de distance, à Portland, début 2021. Je ne sais pas du tout s’ils se connaissaient tous avant ou s’ils se sont retrouvés depuis pour jouer ces chansons en live, mais je dois dire qu’on a l’impression qu’il s’agit d’un seul et même groupe dans un seul et même espace physique.

En tant que métalleux dans l’âme, je vais toujours prêter plus d’attention aux instruments métalliques qu’aux voix punk, mais les Belges se contentent la plupart du temps de jouer le rôle de soutien, générant des riffs et faisant bouger la fosse. Dave Hubrechts obtient quelques solos décents, mais personne ne passe beaucoup de temps sous les projecteurs. Ils sont là pour faire un travail et ils le font bien, proprement, dans le style technique et souvent bourrin de la Bay Area. Ils laissent l’attitude à Jerry A, qui semble être au point et dans le moment tout au long de l’album, quel que soit le contenu des paroles et certaines d’entre elles ne sont ni au point ni dans le moment.

Il est assez clair que Never Stop, par exemple, parle de son passage dans Poison Idea tout autant que des nombreux autres groupes qui ont découvert qu’ils avaient peut-être tout le talent du monde mais qu’ils manquaient de discipline, se perdant dans l’alcool ou pire encore. Ce n’est pas une chanson pleine d’espoir, qui commence par une phrase sombre, « It looks like the same, same day when I drink myself to sleep », et qui ne devient pas plus positive au fur et à mesure qu’elle avance. Ce n’est pas une chanson d’affirmation, c’est l’illustration d’une dure réalité. Elle n’offre pas d’espoir, juste une parenté, je suppose.

Le reste de l’EP suit le même chemin, avec cinq titres et seize minutes. Quatre d’entre elles sont courtes mais douces, proches des trois minutes traditionnelles, et Never Stop conclut l’EP avec près de quatre minutes et demie, allongées par une fin emphatique qui démarre aux alentours des trois minutes et nous donne l’impression d’être dans une zone de guerre, avec des sirènes, du feedback, du verre brisé et la répétition du titre qui le transforme en une sorte de chant de protestation que nous ne devrions pas écouter lorsque nos ombres nous le lancent à la figure. C’est une fin puissante pour une chanson puissante.

Et c’est à peu près tout, car seize minutes, ce n’est pas beaucoup pour sortir de l’ordinaire, le genre n’étant d’ailleurs pas réputé pour cela. Il s’agit d’un crossover, d’une instrumentation thrash metal avec un chant punk, c’est donc un truc simple, juste bien fait. Je n’ai pas entendu ce style depuis longtemps, car la tendance est plutôt à l’agression, avec un groove metal plus lourd derrière un cri hardcore. C’est de la vieille école, comme les premiers groupes crossover dont je me souviens dans le New York du milieu des années 80, et j’aime ça. C’est bon d’entendre à nouveau le style tel qu’il était autrefois.