Danko Jones – Leo Rising

Dans un univers en perpétuel mouvement, il est souvent apaisant de s’ancrer dans des repères solides et éternels. Ces fondations qui éclairent le quotidien, comme les quatre saisons qui scandent l’année, le parfum de l’épicéa en hiver ou le délicieux bœuf bourguignon préparé par grand-mère. Et, à intervalles réguliers de deux ou trois ans, un nouvel opus de Danko Jones. Avec Leo Rising, le power trio canadien signe son douzième album. Fidèle à lui-même, il propose une explosion de riffs hard rock imprégnés d’une énergie positive irrésistible.

Pas de surprises, et c’est tant mieux

Quand on glisse un disque de Danko Jones dans la platine, on sait précisément à quoi s’attendre. L’ouverture se fait avec le percutant « What You Need », un morceau qui semble nous conforter dans nos habitudes. Il est clair que le groupe veille scrupuleusement à honorer les envies de ses fans. N’attendez-vous donc pas à des audaces imprévues ou à des textes profonds et poétiques : cela n’arrive pas ici.

« Diamond In The Rough » enchaîne sur la même lancée, en s’inspirant de vibes à la KISS et en invitant Marty Friedman (ancien de Megadeth) pour un solo endiablé. Sans grande nouveauté, on identifie tout de suite le style du guitariste, qui a marqué l’histoire de Megadeth et qui offre ici un lead évoquant l’âge d’or de Rust In Peace.

Une recette bien rodée

Enregistré à distance sous la houlette du producteur de longue date Eric Ratz, Leo Rising saisit sans effort l’ambiance festive qui définit le groupe. Après une douzaine d’albums et près de trente ans de route, le trio a parfaitement affiné sa démarche. Rejetant farouchement le terme « artiste », Danko Jones insiste sur le fait que le rock n’est pas un simple hobby pour eux : « Il faut bien payer le loyer… Quand on exerce le même métier depuis trente ans, c’est devenu votre seul horizon… Pas de plan de secours en vue. »

Loin de bouder les stéréotypes, le groupe les embrasse avec enthousiasme. Un mode de vie débridé transparaît dans « Everyday Is A Saturday Night », un titre hard rock garage qui défend le plaisir de s’amuser sans entraves (un clin d’œil aux Beastie Boys), ou dans « It’s A Celebration ». Des héroïnes fatales animent l’enthousiaste « Too Slick For Love » et le plus discutable « Hot Fox ». Une attitude espiègle et contestataire domine « I Love It Louder » ou « Gotta Let It Go ». Tous ces éléments mijotent dans une marmite gorgée d’amour pour le rock pur et dur, ce même amour qui les incite, tel un Otis légendaire aux manettes, à bâtir une machine sonore imparable.

Le rock des gens vrais

Bien sûr, certains pourraient reprocher à l’ensemble d’être un brin conventionnel, dépourvu de cette étincelle unique des chefs-d’œuvre, ou de ne rien innover. Mais ce n’est absolument pas l’objectif de Danko Jones, et cela n’a jamais été le cas. Il s’agit d’une recette simple et infaillible, comme un sandwich jambon-beurre qui fait toujours mouche. Une bière blonde rafraîchissante, plutôt que l’IPA sophistiquée de la brasserie branchée du coin.

Cet album est un travail sincère et convivial, dénué de toute prétention. Issu d’ouvriers infatigables du riff, qui triment sans relâche depuis trois décennies, en tournée comme en studio. Un trio qui nous replonge dans nos passions originelles et nous démontre, sans complexe, que le rock reste génial quand il cultive la simplicité.

Informations
Label : Reigning Phoenix Music
Date de sortie : 21/11/2025
Site web : www.dankojones.com

Notre sélection
Everyday Is A Saturday Night
Diamond In The Rough (feat. Marty Friedman)
Too Slick For Love