Chroniques

Insomnium – Anno 1696 (2023)

Pays : Finlande
Style : Death Metal mélodique
Note : 8/10
Date de sortie : 24 Feb 2023
Sites : Facebook Instagram | Archives Métal | Site officiel | Twitter Wikipédia | YouTube

Bien que ce ne soit pas du tout mon intention, ce neuvième album d’Insomnium commence par ressembler de façon frappante à l’album de Burgundy Grapes, dont j’ai souligné avec plaisir qu’il ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu chroniquer sur . Bien sûr, il s’assombrit un peu et a plus d’arêtes, mais c’est toujours de la musique folk calme. Une voix rauque se fait entendre au bout de quelques minutes, puis le groupe se lance dans ce à quoi on s’attendait depuis le début : Insomnium est un groupe de death metal mélodique et Burgundy Grapes est l’exact opposé de ce genre de musique. Ces quelques minutes ne sont pas différentes mais le reste l’est assurément et cette longue intro a bien fonctionné comme transition.

Les chansons, basées sur une nouvelle du bassiste Niilo Sevänen, explorent les chasses aux sorcières de la fin du 17ème siècle, comme le procès des sorcières de Torsåker. Ces événements ont une résonance aujourd’hui et leur impact émotionnel se fait surtout sentir dans Godforsaken, qui démarre avec les voix obsédantes de Johanna Kurkela, tantôt celtiques, tantôt rappelant les voix mélodieuses du Bulgarian State Television Female Vocal Choir.

Cette chanson est d’ailleurs un véritable bijou. Il est juste de dire que j’ai apprécié les deux morceaux d’ouverture, une sorte de titre appelé 1696 et White Christ, mais Godforsaken reprend leur côté épique et augmente considérablement la pression. Dès le début, il est d’une qualité supérieure, éclipsant facilement les premiers morceaux, mais la seconde moitié est particulièrement dévastatrice. Kurkela a certainement préparé le terrain, mais c’est l’ambiance que la chanson trouve une fois qu’elle passe au spoken word et qu’elle progresse inexorablement à partir de là qui fait de cette chanson un véritable point d’orgue.

L’album ne peut pas maintenir ce niveau de qualité, mais c’est une barre extrêmement haute à tenir et on n’en est pas loin en fin de compte. Les aspects que j’attendais sont toujours là : un sens aigu du doom, même lorsque la batterie de Markus Hirvonen est furieuse ; des mélodies partout, même avec un son ouvertement sombre ; et un peu de prog dans la façon dont Insomnium gère le jeu dynamique, en divisant les chansons en mouvements et en passant de sections paisibles à des sections plus agressives. J’entends encore Paradise Lost dans les guitares et les premiers Marillion dans les guitares et les claviers.

Ce qui m’a sauté aux yeux cette fois-ci, c’est la richesse du son. Il est à la fois lourd et léger, comme s’il s’agissait d’un solide dense et lourd auquel on aurait attaché suffisamment de ballons pour le faire bouger sans trop d’effort. Les claviers jouent un rôle important, même s’ils ne sont pas toujours évidents, comme une texture derrière tout le reste. Si nous essayons de nous concentrer sur eux, nous n’y parviendrons pas toujours, mais on peut dire que Coen Janssen est là de toute façon pour créer un brouillard sonore à l’intérieur duquel les autres musiciens peuvent jouer. Le fait qu’il y ait trois guitares aide aussi, car ils ont trouvé un moyen efficace de répartir les tâches pour qu’il y ait toujours une base et un embellissement. C’est un pas en avant par rapport à la traditionnelle répartition lead/rythme pour s’assurer qu’il y a toujours quelque chose d’intéressant qui se passe.

Quoi qu’ils fassent, ils le font impeccablement bien et ils le font sur chacune des huit chansons proposées cette fois-ci. Godforsaken est facilement le morceau le plus marquant pour moi, mais plus j’écoute cet album, plus The Rapids s’impose à ses côtés. Je ne sais pas si c’est dû au fait qu’il s’agit de la fin de l’album, mais il semble plus urgent que tout le reste, comme si Insomnium établissait son niveau d’intensité, le maintenait pendant sept titres et décidait ensuite de le dépasser pour le huitième. C’est aussi une épopée, bien que légèrement plus courte, et la chanson que je classerais en troisième position derrière ces deux-là se trouve être la troisième épopée de l’album, Starless Paths. En clair, plus la chanson d’Insomnium est longue, plus je suis capable de m’y immerger.

C’est donc un 8/10 facile pour moi. La seule question que je me pose, alors que j’ai écouté l’album suffisamment de fois pour que les chansons deviennent de vieilles amies, est de savoir si je ne devrais pas augmenter ce score à 9/10. Je ne me souviens pas avoir ressenti cela sur leur album précédent, Heart Like a Grave, donc je suppose que c’est un autre pas en avant pour eux. Quoi qu’il en soit, je vois que j’ai terminé cette critique en notant que mon fils a vu Insomnium en concert deux fois maintenant et que je ne les ai pas encore vus. J’avais l’intention de le faire en avril 2020. Je me demande comment cela s’est passé…