Chroniques

Murasaki – Timeless (2023)

Pays : Japon
Style : Hard Rock
Note : 7/10
Date de sortie : 16 Aug 2023
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Timeless est un nom très approprié pour cet album, parce qu’il sonne bien en 2023 mais rappelle très clairement le début des années soixante-dix, les principales inspirations étant évidemment les groupes de hard rock britanniques au son d’orgue lourd, et plus particulièrement Deep Purple. En fait, leur nom même se traduit par « purple » et a été adopté par le fondateur du groupe, George Higa, pour devenir George Murasaki. Il convient de préciser que Purple et Murasaki sont contemporains, car ce groupe a été formé en 1970 et a été le pionnier de la musique rock au Japon. La raison pour laquelle le groupe n’est pas plus connu aujourd’hui en dehors de son pays d’origine est qu’il n’a pas sorti d’album avant 1976 et qu’il n’en a sorti que deux avant de se séparer en 1978.

Les quatre membres du groupe qui ont sorti ces deux albums se sont reformés en 2007, avec deux nouveaux collègues, JJ au chant et Chris à la basse, et il s’agit de leur troisième album depuis, après Purplessence en 2010 et Quasar en 2016. Tous deux ont une histoire avec la famille Murasaki, JJ étant le chanteur de George Murasaki &amp ; Mariner à la fin des années 70, et Chris étant également le bassiste d’un autre groupe de rock japonais, 8-Ball, mené par deux des fils de Murasaki, Leon et Ray, qui ont tous deux joué pour Murasaki lors d’un bref retour antérieur en 2000.

Je crois qu’ils ont conservé leur ancien son, mais en y ajoutant une touche légèrement plus métallique, comme on peut s’y attendre de la part d’un groupe qui compte deux guitaristes. Et oui, je dis bien « légèrement », car il y a une grande variété de titres, de Younger Days à Don’t Look Back ! et seulement certains d’entre eux se sentiraient à l’aise sur un album de métal. C’est avant tout du hard rock et, où qu’il aille musicalement, il ne s’éloigne jamais de ce son inspiré de Deep Purple, qui est mené par Murasaki lui-même aux claviers avec une nuée de riffs et de runs glorieux.

Younger Days comporte un savoureux solo de guitare, mais il s’agit avant tout d’une ballade au piano, chargée d’une orchestration abondante. C’est de loin la chanson que je préfère le moins, même si j’aime bien Tears of Joy, une chanson plus courte qui fait à peu près la même chose, mais sans l’orchestration. Je préfère la partie heavy et cela ne devrait surprendre personne, mais Don’t Look Back ! est une chanson forte pour d’autres raisons. Elle commence de manière symphonique, presque comme une chanson d’ELO, puis se lance dans le prog metal avec une guitare puissante sur fond de basse merveilleusement rôdée. Elle a un vrai poids doomy, se situant quelque part entre Black Sabbath et Witchfynde, ce qui n’est pas ce que je m’attendais à dire quelques chansons plus tôt.

Je crois que l’aspect prog est relativement nouveau, même si je n’ai fait qu’effleurer les albums des années soixante-dix. Il a toujours été présent, je suppose, mais il n’était pas au centre des préoccupations. Maintenant, c’est souvent le cas, à commencer par Free Your Soul et Let It Be, qui reprend un The Fire is Burnin’ plus faible, avec une merveilleuse intro à l’orgue et une exploration prog soignée. C’est aussi une chanson enjouée, qui suit une chanson directe et un morceau à succès, Raise Your Voice, qui s’ouvre avec puissance, et qui s’enfonce dans la section centrale comme Space Truckin’. The Fire is Burnin’ ne m’attire guère, mais les deux morceaux qui l’entourent sont les points forts de l’album.

Bien que Deep Purple soit la comparaison la plus évidente, ce n’est pas la seule. Il y a un peu d’Uriah Heep parsemé tout au long de l’album, mais cette influence se fait vraiment sentir sur le deuxième des deux titres bonus. Il s’agit de Starship Rock ‘n’ Rollers et de Double Dealing Woman, tous deux réenregistrés avec le groupe actuel. C’est Double Dealing Woman qui est clairement inspiré par Heep autant que par Purple, avec des apparitions de Kyoji Yamamoto de Bow Wow et d’un guitar hero japonais qui se fait appeler Char.

Ce sont peut-être les influences britanniques des années soixante-dix qui les poussent à chanter en anglais, mais cela a toujours été leur approche depuis le début. D’ailleurs, leur chanteur actuel ne semble pas être japonais, même s’il l’est techniquement, puisqu’il est né au Japon. JJ signifie John Joseph et son nom de famille est Patterson, ce qui explique peut-être pourquoi il n’y a pas d’accent dans son chant, alors que son prédécesseur dans les années soixante-dix, Masao Shiroma, en avait certainement un, même s’il semblait parler couramment l’anglais.

J’ai beaucoup aimé cet album et j’ai eu du mal à passer à un autre. Le plus remarquable, c’est qu’il ne semble jamais long, même si les deux morceaux bonus font grimper la durée à près d’une heure. L’album se déroule sans effort et semble beaucoup plus court qu’il ne l’est, peut-être parce qu’il est bien divisé par deux ballades et une chanson plus métallique. Leur son habituel se décompose donc en une série de morceaux plus courts et tout cela est très accessible.