Chroniques

Omnium Gatherum – Slasher (2023)

Pays : Finlande
Style : Death Metal mélodique
Note : 7/10
Date de sortie : 2 Jun 2023
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Slasher n’est qu’un EP de quatre titres qui dure un peu moins de vingt minutes, mais j’étais intrigué par l’album 2021 d’Omnium Gatherum, Origin, et je voulais voir où ils avaient emmené ce son. J’ai aimé cet album, mais je ne l’ai pas adoré, et c’est en grande partie parce qu’il semblait plutôt transitoire. Ils avaient perdu un deuxième guitariste et leur son death metal mélodique avait augmenté le côté mélodique mais diminué le côté death, un changement qui a laissé le chant dur de Jukka Pelkonen un peu à la dérive. J’avais l’impression qu’il y avait un besoin de chant clair, soit pour remplacer, soit pour améliorer le chant dur, mais personne ne le faisait. Je voulais donc le prochain album pour voir où ils allaient. Peut-être que cet EP suffira.

Ce qu’il me dit, c’est que j’avais en partie raison et en partie tort. Pelkonen continue de chanter durement ici, mais je crois qu’il varie aussi considérablement sa façon de chanter, mais il est possible que ce soit quelqu’un d’autre. Il y a aussi du chant clair, surtout dans le premier morceau, Slasher, et le chant dur est plus varié, se transformant en un esprit de cheminée crépitante sur Lovelorn qui emmène la chanson en territoire gothique. Jusqu’ici, tout va bien pour moi en tant que devin sonique, mais je n’avais pas réalisé où le son résultant allait, une réalisation qui s’est faite lorsque j’ai réalisé à quel point la reprise improbable fonctionne bien ici.

Quatre chansons sont proposées, dont trois sont des originaux. Toutes trahissent les racines d’Omnium Gatherum mais s’inscrivent fermement dans leur direction, que j’avais comparée sur Origin à la transition d’Opeth vers le prog rock. Cette reprise n’est pas celle d’un morceau de Yes ou de Genesis, et encore moins celle d’un morceau de l’une des obscures découvertes des seventies que Mikael Åkerfeldt aime tant. Il s’agit de Maniac, la chanson de Michael Sembello tirée du film Flashdance. Ah oui, c’est vrai. Et ça sonne bien !

Et soudain, je vois Omnium Gatherum sous un nouveau jour. C’est toujours un groupe de death metal mélodique, mais les trois chansons qui ne sont pas des reprises de tubes disco/synthpop pourraient très bien l’être aussi. Elles ont toutes un côté délicieusement guilleret, soit entièrement, soit en grande partie, construites à partir de mélodies et d’accroches poppy, simplement alourdies par des voix dures et des guitares métalliques croustillantes. Il y a des groupes dont la particularité est de transformer la musique pop en punk ou en métal, en appliquant des filtres lourds sur des génériques de télévision ou des tubes pop des décennies passées. Soudain, j’imagine un groupe de disco dont le seul but dans la vie est de transformer les chansons d’Omnium Gatherum en synthpop. Je pense qu’ils sonneraient plutôt bien.

Bien que la reprise de Maniac fonctionne étonnamment bien, je dirais que Slasher, qui n’en est pas très éloigné au niveau des paroles, est le morceau le plus marquant. Je me demande si le fait d’écrire ce titre les a incités à reprendre Maniac ou si le fait de reprendre Maniac a donné de la saveur à tout le reste, en particulier à Slasher. Bien sûr, il se termine en quelque sorte avec l’idée qu’il n’a plus rien à dire, mais il se déroule et se construit bien, avec un excellent solo de guitare de Markus Vanhala, le pilier du groupe, ou du nouveau venu Nick Cordle, qui tourne avec eux depuis un moment, mais qui a officiellement rejoint le line-up en 2022.

Maniac suit, puis Sacred, une autre chanson dans la même veine, avec des claviers qui délivrent les mélodies, de sorte qu’Aapo Koivisto mène la danse autant que les guitaristes ou la voix de Jukka Pelkonen, peut-être même plus. C’est principalement grâce à lui que ces chansons sonnent si pop et guillerettes. Reste Lovelorn, qui s’inscrit dans la même veine, mais pas tout à fait. C’est la chanson la plus lourde et la plus gothique, pas seulement à cause de la façon dont Pelkonen passe en mode sombre et grondant.

Et c’est tout, parce qu’il n’y a que quatre morceaux. Je suis toujours fasciné par la direction que prend Omnium Gatherum et j’ai toujours hâte de découvrir leur prochain album, mais ceci suggère que nous savons à peu près à quoi il va ressembler. Et ça sonne bien, même si en relisant tout ce que j’ai écrit sur cet EP, je me dis que ça ne devrait pas être le cas.