Chroniques

Therapy? – Hard Cold Fire (2023)

Pays : ROYAUME-UNI
Style : Alternatif
Note : 7/10
Date de sortie : 5 mai 2023
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Je me souviens de Therapy ? à ses débuts, mais seulement en passant. C’était un membre éminent d’une nouvelle génération de groupes de rock britanniques qui sont apparus au moment où Kerrang ! est devenu alternatif, où Tommy Vance a quitté le Friday Rock Show et où je me suis éloigné de la musique rock traditionnelle. Je n’ai donc pas entendu parler de leur montée en puissance, de leur dérive et de leur réaffirmation en tant que force à prendre en compte une fois qu’ils sont devenus assez vieux pour se tenir à l’écart des tendances. Je n’avais aucune idée qu’ils étaient encore un groupe, mais ils ont continué à exister et cet album semble être leur seizième album studio. Il était donc temps que je l’écoute.

C’est un album court, qui dépasse à peine la demi-heure, car la durée moyenne des chansons est assez proche des trois minutes habituelles pour les radios. Si cela suggère un état d’esprit punk, vous avez tout à fait raison. C’est du rock alternatif avec toute l’énergie du punk, mais peu de ce sérieux plus abattu que j’ai toujours trouvé dans le rock alternatif américain de la même époque. On n’a pas l’impression d’un groupe qui se complaît dans le dégoût de soi, même sur une chanson comme Joy qui aurait pu s’appeler No Joy. C’est un groupe qui veut faire du rock et qui préfère le faire dans un cadre alternatif.

Je comprends pourquoi cette approche ne m’a pas touché en 1991 ou 1992, mais elle est tout à fait intéressante en 2023. J’entends beaucoup de pop punk ici, mais c’est plus grinçant et plus terre à terre que tout ce que j’ai pu entendre de Green Day ou des Offspring. Il n’y a pas autant d’accroches, mais elles sont là. Bizarrement, j’entends aussi Metallica ici, mais pas de la manière habituelle que les groupes ont tendance à employer pour les canaliser, comme leur son de guitare crunchy ou le style vocal de James Hetfield. Cependant, je n’ai cessé d’entendre des moments du Metallica de l’ère noire dans les changements et les ruptures, et surtout dans les escalades et les chœurs.

Je pense que la leçon à en tirer est qu’ils sont heureux de garder les pieds dans un tas de genres, à tel point qu’il est difficile de déterminer ce qui les motive le plus. Ce n’est pas du métal, mais il y a beaucoup de métal ici. C’est plus punk que rock et ça sonne souvent comme si ça voulait être de la musique pop, mais sans jamais sonner aussi doux ou propre. To Disappear est tellement grungy qu’il est proche du sludge, mais il est obstinément up tempo et ne sonne donc pas du tout comme n’importe quel groupe de sludge que j’ai entendu. Le jeu de guitare d’Andy Cairns joue souvent avec les dissonances et les larsens, au point qu’il y a un côté subtilement expérimental.

En parlant de Cairns, il est aussi le chanteur principal de Therapy ? et il en profite pour chanter dans toute une série de styles. Son style de prédilection est une voix punk propre, comme on peut s’y attendre dans le pop punk, mais elle est plus brute que celle des suspects habituels de ce genre, d’autant plus qu’il aime manifestement recourir à divers travaux de post-production pour étouffer ou torturer sa voix à des fins d’effet, pour répondre à une humeur ou à un ton qu’il donne à sa guitare. Il a également un côté théâtral qui fait de lui le centre d’attention, quoi qu’il se passe par ailleurs. Sur Mongrel, il se plonge même dans des sections presque parlées, ce qui a un effet assez effrayant.

Bien que je respecte beaucoup de musiciens punk, j’ai toujours été trop métalleux dans l’âme pour considérer un album punk comme celui-ci comme ma tasse de thé particulière, mais je suis heureux de l’avoir écouté et je me demande s’il restera en moi et, si c’est le cas, dans quelle mesure. J’ai en tout cas adoré le morceau d’ouverture, They Shoot the Terrible Master, et si ce n’est pas une position de yoga ésotérique, ça devrait l’être. J’ai adoré ses couplets urgents et son refrain qui donne la chair de poule, dès son interprétation a capella en état d’ébriété. J’ai adoré Mongrel, avec sa prise d’armes sur le feedback et sa basse implacable. Ugly est un véritable voyage, dès son ouverture bizarrement folklorique.

Mon cerveau d’octogénaire considère toujours les années quatre-vingt comme nouvelles et il me semble étrange de découvrir que leurs chefs de file célèbrent leur trentième anniversaire. Il est d’autant plus étrange de découvrir qu’ils n’étaient pas seulement là pour sauter sur une tendance mais pour aider à en créer une, ce qui explique leur longévité. Tout le mérite en revient à cette bande d’Irlandais du Nord qui n’ont jamais cessé de faire ce qu’ils voulaient faire. Ce n’est pas mon genre préféré et je n’ai pratiquement aucune connaissance de Therapy ? et de leurs pairs à faire valoir. Je peux néanmoins constater qu’il s’agit clairement d’un bon album.