Trust – Propaganda (2022)
Pays : France
Style : Hard Rock
Note : 8/10
Date de sortie : 30 Sep 2022
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Bernie Bonvoisin est de retour avec un autre album de Trust, cette fois avec une couverture incendiaire qui, je ne peux pas dire, n’est pas opportune. Comme toujours, tout est en français et je ne cherche pas à traduire les paroles, donc je ne peux que supposer qu’il y a beaucoup de commentaires sociopolitiques en jeu. Ce ne serait pas surprenant pour Trust. Il est certain que le titre verbeux du morceau d’ouverture, Cette prière sur tes lèvres et ce sang sur tes mains, se traduit par This Prayer on Your Lips and This Blood on Your Hands. Il n’est pas difficile d’imaginer de quoi il s’agit.
Je suis allé jusqu’à lancer la page Wikipédia française du groupe dans Google Translate, car la version anglaise n’a pas encore remarqué cet album, bien qu’il soit sorti sur un label majeur, Season of Mist, le mois dernier. Comme pour leur précédent album Fils de lutte et, je crois, celui d’avant, il a été enregistré pratiquement en direct, avec un minimum d’overdubs, l’ensemble du processus d’enregistrement n’ayant pris qu’une semaine, et cette urgence du direct se retrouve dans le son. Il est facile de se laisser emporter par des chansons comme Le jour se lèvera et Salaud d’pauvre. Il y a aussi beaucoup d’ambiances ici, comme si cela s’était développé en jouant.
J’ai trouvé qu’au début, je commençais à écouter les chansons individuellement. L’ouverture est forte, Bernie nous explique des choses. Il y a une boîte vocale ici et des chœurs soul, qui sont l’un de mes aspects préférés de cet album – j’aimerais savoir à qui les attribuer – et le résultat ressemble à une chanson des années 70 dont on ne se souvient pas. C’est certainement le but du morceau suivant, qui est un faux AC/DC des débuts. C’est Tout ce qui nous sépare, ou All That Separates Us, et c’est aussi serré que nécessaire.
La première pierre, ou The First Stone, ramène ces chœurs féminins et ils sont joyeux. Elles le sont tout autant sur Dimanche soir au bord du gouffre, Petite elle et surtout sur Les vagins impatients, où elles ne ressemblent en rien aux Vagins impatients du titre, même si elles cessent ici d’être des chœurs pour prendre le rôle le plus important, sinon le premier. De plus, ce n’est pas une chanson impatiente, pas douce mais certainement beaucoup plus proche de celle-ci qu’impatiente. C’est l’un des nombreux points forts pour moi, comme ce fut le cas la dernière fois.
En parlant de Petite elle, c’est une ballade bluesy avec une touche de country et elle met en évidence la façon dont les humeurs changent ici. C’est un album en forme de montagnes russes, relativement calme parce qu’ils ne font pas de rock au maximum aussi souvent qu’on pourrait s’y attendre, mais il nous fait monter et descendre et on se laisse prendre au jeu jusqu’à ce qu’on perde de vue le fait qu’il y a des chansons individuelles et qu’on commence à imaginer l’album comme la bande-son de nos vies. Je suppose que c’est ce que signifie closer Ma vie, simplement My Life. Pour le public français de hard rock, j’imagine que Trust fait partie intégrante de leur vie, puisqu’il existe depuis longtemps, ayant été formé en 1977.
Bonvoisin est l’un des deux membres fondateurs qui ont toujours fait partie du groupe, même s’ils se sont séparés au moins quatre fois. L’autre est le guitariste Norbert Krief, qui est plus solide que jamais. Je dirais que, même avec certains des numéros plus rock situés au début de l’album, on a l’impression que le spectacle de Bonvoisin est au début, mais qu’il passe progressivement à Krief et Ismalia Diop, l’autre guitariste actuel.
Ils réussissent à obtenir ce son de guitare d’Angus Young sur Tout ce qui nous sépare et le rendent encore plus rock ‘n’ roll old school sur Dimanche soir au bord du gouffre, qui est sans doute le point où cet album devient un album de guitare. Le jour se lèvera s’ouvre sur des tranches vicieuses de riffage tandis que Petite elle se détend avec des houles glorieuses. Tous deux comportent des solos époustouflants, tout comme Le conteur, The Storyteller. Ils se lancent même dans un blitzkrieg punk sur L’Europe des 27, Bonvoisin réaffirmant sa prééminence derrière le micro.
A partir de là, j’ai renoncé à prendre des notes car on a l’impression que Trust s’éclate en studio et c’est béat, comme s’ils avaient arrêté d’écrire des chansons et laissé la musique les traverser. Au lieu de cela, je reconnais que cet album est bien meilleur que le précédent. Cela ne veut pas dire que Fils de lutte n’était pas bon, parce qu’il l’était, mais ce n’était pas un grand album et celui-ci l’est. J’étais perdu à la moitié de l’album et il était encore meilleur à la deuxième écoute. C’est du Trust de premier ordre et je vais devoir passer les deux prochains jours à en nourrir mon corps. Est-ce que ça existe sous forme d’intraveineuse ?