Chroniques

White Canyon & The 5th Dimension – Gardeners of the Earth (2023)

Pays : Brésil
Style : Rock psychédélique
Note : 9/10
Date de sortie : 4 Aug 2023
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J’entends beaucoup d’introductions sur les albums de nos jours et très peu d’entre elles ont une raison d’être. Il y en a qui servent à attirer notre attention et d’autres qui nous donnent un aperçu de ce qui va suivre, mais ce n’est pas souvent que j’entends une intro qui réussit ces deux choses, mais Caminho das Pedras est un bon exemple d’une intro qui réussit les deux. Elle met l’ambiance avec un sitar tourbillonnant hypnotique qui nous ramène à la fin des années 60 tout en ajoutant des touches contemporaines, avant d’entamer le premier morceau proprement dit, qui est le titre. Nous savons dans quoi nous nous embarquons, nous sommes placés dans la bonne humeur pour le recevoir et nous enchaînons avec le reste de l’album. C’est un excellent début.

Gardeners of the Earth est également à la hauteur de l’intro. Il y a cette basse old school de Pink Floyd dont je me souviens si bien du précédent album de White Canyon, Spectral Illusion, et elle continue ce groove hypnotique. Franchement, plus ce groupe devient hypnotique, plus il sonne bien. Mon morceau préféré est sans doute Black Holes, qui est réduit à l’essentiel, presque comme une chanson de rock garage jouée à mi-vitesse. La guitare est proéminente, puis les voix, mais je finis toujours par me laisser séduire par la batterie. C’est tellement hypnotique qu’on pourrait croire que le groupe l’a interprété en transe. Son plus proche concurrent est Harsh Down, qui tourne dans ma tête au réveil, et Chapter V – Mental Universe n’est pas loin derrière.

J’ai parlé de voix au pluriel et je devrais expliquer qu’il y a deux chanteurs ici, dont les noms sont un mystère pour moi, mais l’un est un homme et l’autre une femme et les deux ont l’occasion de diriger les chansons. Je me souviens d’une ambiance gothique sur l’album précédent, qui se retrouve ici aussi, mais à un degré moindre. C’est le cas sur la chanson titre, avec la voix masculine qui prend la tête et la voix féminine qui la renforce comme un écho, et c’est aussi le cas sur Ancient Secrets of Green Leaf, avec les rôles inversés. Cependant, lorsqu’ils passent à Howling Pines, avec la voix féminine en tête, et à Fireflies Dance, où les deux hommes chantent à nouveau ensemble, l’ambiance est résolument plus folk que gothique. D’autres se situent entre les deux.

Aujourd’hui, qu’ils soient folkloriques ou gothiques, ils sont toujours du rock psychédélique avec une plongée occasionnelle dans un son plus pop. Fireflies Dance conserve le psychédélisme hippie américain qui imprègne l’album, mais il commence comme les Beatles au plus fort de leur psychédélisme et ne le perd jamais vraiment. J’aime aussi l’orgue de Howling Pines, qui a ce son guilleret qui tend à appartenir aux premières chansons pop enregistrées par les groupes qui ont évolué vers la musique rock dans les années soixante-dix. On retrouve ce son dans Ancient Secrets of Green Leaf, ainsi qu’une batterie plus hypnotique, et on a l’impression qu’il pourrait s’agir d’une réinterprétation fascinante d’une chanson de Nick Cave.

En d’autres termes, il y a beaucoup de choses ici et les chansons sont parfaitement immersives. Il s’agissait clairement d’un album à recommander dès le début, mais il s’améliore au fur et à mesure qu’il avance. Mes chansons préférées commencent à la fin de la première face et se poursuivent tout au long de la deuxième, jusqu’à InnerOutside, un fantastique final qui rappelle John Kongos écrivant et chantant pour Hawkwind. Encore une fois, j’attendais beaucoup de ce groupe parce qu’il a reçu un rare 9/10 de ma part la dernière fois qu’il a sorti Spectral Illusion, en mai 2021, même s’il a perdu mon titre d’album du mois au profit d’un album de Flotsam and Jetsam qui a fait un malheur.

Le défi pour eux allait toujours être d’atteindre et peut-être même de dépasser le standard établi par Spectral Illusion. Au départ, je n’étais pas sûr qu’ils y parviennent, car l’album n’a pas été aussi immédiat pour moi, mais il était clairement excellent et il s’est développé et a continué à se développer. Il a atteint un point tel qu’il n’est peut-être en retard que parce qu’il ne s’agit pas de mon introduction au groupe. Si je l’avais écouté en premier, j’aurais peut-être été aussi époustouflé que je l’ai été en écoutant Spectral Illusion. Dans l’état actuel des choses, je l’aime presque autant. Il ne me reste plus qu’à arrêter de l’écouter pour pouvoir passer à une autre critique. Cela ne va pas être facile.