Lewis Capaldi – Survive

Après deux années de silence radio et une pause bienvenue pour régler ses comptes intérieurs, Lewis Capaldi fait son grand retour avec l’EP Survive, un projet qui ressemble à une aveu intime et à un triomphe sur soi-même. Ce chanteur écossais, célèbre pour ses chansons émouvantes et son esprit taquin irrésistible, opte pour une franchise sans fard : quatre morceaux qui évoquent la souffrance et la force intérieure. N’espérez toutefois pas une transformation spectaculaire ; Capaldi demeure attaché à son style habituel.

Des chansons impactantes… mais prévisibles
L’introduction avec « Survive » représente sans doute le pic d’intensité de l’EP. Une pulsation rythmée à la guitare et à la batterie, un refrain libérateur – « I’ll survive » – qui capture l’essence de l’ensemble et de l’artiste. C’est percutant, mais prévisible : l’ascension progressive, la voix rauque qui jaillit sur le refrain, tout est dosé pour toucher le cœur sans innover. Capaldi y reste ancré dans ce qu’il maîtrise le plus.

« Something In The Heavens » est le titre chouchou de Capaldi, et l’on saisit aisément la raison : un piano subtil, un falsetto léger comme l’air, des paroles lyriques sur le deuil et l’apaisement. C’est touchant, poignant… mais typiquement Capaldi, dans la veine de « Someone You Loved ». Les amateurs de son univers seront comblés ; ceux qui rêvaient d’un tournant radical pourraient être frustrés.

Aucune révolution en vue
Dans « Almost », il aborde la crainte de se libérer et de risquer de tout perdre. Le morceau débute en douceur pour s’épanouir ensuite dans un orchestre majestueux. Sur le plan vocal, Capaldi affine son approche, offrant à la mélodie de l’espace sans l’écraser de sa signature écorchée. C’est le plus audacieux de l’EP, mais il s’inscrit toujours dans le genre des ballades théâtrales qui le définissent. Une fois de plus, rien de vraiment novateur.

« The Day I Die » termine l’EP sur une tonalité obscure et proche. Capaldi y visualise ses obsèques, s’exprimant envers ses parents dans des mots déchirants : « Je vous aimerai toujours autant, même d’outre-tombe ». C’est le morceau le plus autobiographique de sa discographie, tout en conservant l’esthétique familière : piano en lead, montée émotionnelle, cordes discrètes. La nouveauté réside dans le thème lugubre et fataliste, qui révèle une autre dimension chez cet Écossais, loin des seuls chagrins amoureux.

Survive est un EP émouvant et authentique, qui reflète le parcours accompli par Lewis Capaldi pendant ces deux ans d’absence. Pourtant, il ne sort pas de sa bulle rassurante. Ses fidèles y puiseront leur dose ; ceux qui espéraient une mue artistique pourraient se sentir lésés. C’est une suite logique et revendiquée, comme si, après une si longue disette, Capaldi voulait avant tout apaiser son public (ou peut-être se réconforter lui-même ?). Si cela réconforte les fans, cela bride néanmoins la portée créative de ce comeback.

Nos coups de cœur : Survive, Almost, The Day I Die.