Chroniques

Rolling Stones – Hackney Diamonds (2023)

Pays : ROYAUME-UNI
Style : Rock
Note : 7/10
Date de sortie : 20 Oct 2023
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« Je ne suis pas en colère contre vous », chante Mick Jagger sur le morceau d’ouverture, intitulé Angry, mais cet album semble être le produit d’une frustration, comme le suggère d’ailleurs le titre, les diamants de Hackney étant les restes de pare-brise dans la rue après que quelqu’un a cassé des voitures. Les Stones n’ont pas sorti d’album entièrement nouveau depuis dix-huit ans, ce qui représente une génération entière. Il est bon de voir qu’ils s’y mettent enfin et surtout qu’ils se sentent si pressés de le faire.

Keith Richards attribue à la mort du batteur Charlie Watts en 2021 le mérite d’avoir incité le groupe à devenir suffisamment sérieux pour accomplir ce travail, bien qu’ils aient été suffisamment proches à plusieurs reprises au cours des années précédentes pour que Watts apparaisse sur deux de ces titres, Mess It Up et Live by the Sword. Steve Jordan, qui a travaillé avec Richards sur de nombreux projets antérieurs et qui est intervenu sur le No Filter Tour en 2021 lorsque Watts n’était pas en mesure de jouer, reprend sa batterie, travaillant dans le même style.

Comme pour leur précédent album, A Bigger Bang, cet album est souvent dépouillé et brut, comme s’ils l’avaient créé en direct en studio. Il y a même des commentaires de studio à la fin de certaines de ces chansons qui soulignent à quel point ils se sont amusés. Dans le cas de Sweet Sounds of Heaven, on a l’impression que la chanson se termine, mais que Jagger et la chanteuse invitée Lady Gaga s’amusent tellement qu’ils la reprennent. C’est un sentiment contagieux qui profite à l’album. Il n’y a pas de mauvais morceaux, mais certains sont nettement meilleurs et plus mémorables que d’autres.

La chanson la plus authentique des Stones est le morceau d’ouverture, Angry, qui est la quintessence de leur musique. Elle démarre sur un bon rythme qui mène à un bon riff et à une bonne ligne de chant. Bien sûr, comme pour la plupart des meilleures chansons des Stones, le rythme s’intensifie considérablement et les Stones s’approprient totalement le groove qu’ils génèrent. Après quelques écoutes, le bon devient grand dans chaque cas et cela commence à ressembler au genre de morceau qui pourrait se retrouver sur un autre album de grands succès. L’autre morceau que je qualifierais de traditionnel pour les Stones est Whole Wide World, qui fonctionne bien si on le joue isolément, mais qui est sinon éclipsé par Bite My Head Off qui le précède.

C’est la chanson la plus furieuse, la plus brute et la plus surprenante de l’album, certainement plus furieuse qu’Angry, à tel point qu’elle frôle le punk. Elle bénéficie plus que tout autre morceau d’une ambiance live en studio, jusqu’à Jagger poussant le bassiste invité surprise, qui n’est autre que Paul McCartney. Les Beatles n’ont jamais été qu’un groupe pop et il a couvert beaucoup de terrain avec des groupes ultérieurs comme Wings, mais je ne me souviens pas que McCartney ait jamais joué quelque chose d’aussi furieux et brut. Il s’en accommode si bien que j’ai envie d’en entendre d’autres dans cette veine de la part de toutes les personnes impliquées.

L’autre grande surprise est l’efficacité de Sweet Sounds of Heaven. Il s’agit d’une chanson spirituelle, avec Jagger en tête, mais Lady Gaga qui l’accompagne et prend le dessus à certains moments. Elle n’est pas la seule invitée sur cet album, puisque les claviers joyeux sont assurés par Stevie Wonder et qu’il y a des contributions de Ron Blake à la trompette et de James King au saxophone, même si ce dernier est plus proéminent bien plus tôt sur une chanson intitulée Get Close. King vole cette chanson, à mon avis, parce que les lignes vocales de Jagger ne sont pas toutes libres et faciles, certaines d’entre elles se sentant un peu forcées.

Étant donné que j’ai déjà mentionné une chanson punk et un spiritual, je dois ajouter que d’autres genres sont également représentés ici. Dreamy Skies est une ballade country décontractée, Mess It Up a un côté plus funky et Rolling Stone Blues, qui ressemble plus à un titre bonus qu’à une conclusion, est la reprise de blues à laquelle on pourrait s’attendre, dépouillée jusqu’à Jagger et Richards. Ce sont toutes des chansons décentes, mais je ne dirais pas qu’elles sont essentielles, à moins que vous n’ayez un intérêt particulier.

Par exemple, si vous êtes un fan de longue date des Stones, vous apprécierez peut-être la présence de Watts sur Mess It Up et Live by the Sword. Vous apprécierez également que le bassiste sur ce dernier soit Bill Wyman, qui a enregistré pour la dernière fois avec les Stones au cours du millénaire précédent. Il s’agit de deux chansons décentes, la première étant funky et la seconde plus subtile mais bien construite. Vous pourriez également apprécier le fait que Richards chante sur Tell Me Straight, mais il n’est pas à la hauteur, surtout lorsqu’on le compare à Jagger et Gaga sur le morceau suivant. Si c’est le cas, vous voudrez aller directement à eux. Sinon, vous trouverez le meilleur de cet album ailleurs.