
Benson Boone – American Heart
L’ascension fulgurante de « Beautiful Things » a propulsé un nouveau nom dans la pop : un artiste aux charmes saisissants et à la voix captivante. Ce jeune artiste, à peine majeur, s’affiche partout : TikTok, charts, écrans de télévision, scènes… et parfois en apesanteur au-dessus de son piano, exécutant des figures acrobatiques. Un mélange audacieux et imprévisible, on dirait une fusion entre une star du rock et un leader de supporters. Son second album, composé en un temps record, vise à transformer la hype en succès durable, mais est-il à la hauteur ?
L’album, censé célébrer l’Amérique, la famille et les premiers amours, ressemble à une carte postale clinquante. Soigneusement produit et présenté, il manque pourtant de profondeur et d’originalité. La voix, la prestance et l’énergie sont là, mais la magie s’estompe rapidement. C’est un disque aussi spectaculaire en surface que banal en substance.
Dès le premier morceau, « Sorry I’m Here For Someone Else », l’artiste promet un son pop rock entraînant, style The Killers. La structure est dynamique, la production est puissante, mais l’album peine à maintenir ce rythme. « Mr. Electric Blue » tente un pastiche d’Electric Light Orchestra, mais se perd dans des références sans trouver son identité. « Wanted Man » souhaite s’inscrire dans le registre glamour, mais manque de conviction et d’impact.
L’artiste cite des influences comme Springsteen, Mercury ou Elton John, mais recrée une version édulcorée de leurs styles flamboyants. Même les chansons plus personnelles, comme « Young American Heart » (racontant un accident de voiture) ou la balade « Momma Song », se noient sous un excès de fioritures musicales et des métaphores convenues. L’absurde, comme dans le fameux « moonbeam ice cream » de « Mystical Magical », flotte entre l’humour et le ridicule.
Ce qui sauve l’album est la voix. Son registre vocal puissant rappelle un mélange improbable de Brendon Urie, Sam Smith et Freddie Mercury. Quand les compositions suivent l’ampleur de sa voix, comme dans le crescendo de « I Wanna Be The One You Call » ou le refrain irrésistible de « Mystical Magical », l’effet est saisissant et on comprend l’engouement du public. Ces instants de grâce ne suffisent cependant pas à dissimuler un songwriting trop conventionnel, des arrangements parfois trop artificiels, et des textes aux phrases peu inspirées.
« American Heart » est une tentative sincère d’un jeune artiste en pleine construction. Il possède la voix, la présence scénique et l’autodérision nécessaires, mais manque encore d’une profondeur créative, d’une écriture capable de transcender son talent vocal. Il a le temps de s’affirmer, mais le succès durable exigera plus qu’un costume pailleté et des prouesses acrobatiques : il lui faut des chansons authentiques, celles qui touchent au cœur.
Notre sélection : « Sorry I’m Here For Someone Else », « Mystical Magical », « I Wanna Be The One You Call ».