Chroniques

The One – Sunrise (2023)

Pays : Pays-Bas
Style : Rock progressif
Note : 7/10
Date de sortie : 27 Jan 2023
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Timothy van der Holst est avant tout connu comme musicien de jazz aux Pays-Bas, où il a enregistré de nombreux albums avec des groupes comme les Jazzinvaders, et s’est essayé à la soul et à l’afrobeat, mais il a grandi dans les années 80 en tant que fan de prog, écoutant les pionniers de la décennie précédente. On a l’impression qu’il a toujours eu l’intention de faire un album de prog, et c’est ce qu’il a fait, en jouant la majorité des instruments – batterie, basse, piano, synthétiseurs – et avec le chanteur britannique Max Gilkes pour donner une voix à la musique. Son compatriote Frank ‘Fish’ Ayers a écrit tous les textes et a ajouté des paroles et de la guitare slide, tandis qu’Edwin in ‘t Veld s’occupe des guitares.

The Thoughts of Light est une ouverture tout à fait atypique, car c’est un instrumental et c’est un morceau rigide, construit mathématiquement et anguleux dans sa nature. Les claviers ajoutent bien quelques courbes à certains moments et un agréable solo de guitare vient alléger l’atmosphère, mais il plante un décor très différent de celui que l’album nous livre en commençant par Time Out, qui nous fait immédiatement penser au Alan Parsons Project. De la rigueur, il s’adoucit complètement pour se dérouler avec du feeling, la basse couvrante donnant du poids à la voix suave de Gilkes. Il ne fait pas grand-chose, mais ce qu’il fait est tout à fait remarquable, de sorte que nous écoutons la voix mener la chanson, mais que nous emportons la chanson avec nous.

J’aime beaucoup Time Out, mais c’est The Past Haunts Again qui suit qui m’a vendu cet album. C’est un piano qui donne le coup d’envoi, faisant le même travail que la basse de la chanson précédente, mais le chant n’est pas aussi doux, ce qui en fait un savoureux point médian entre l’anguleux et le doux. Il y a définitivement beaucoup d’Alan Parsons Project, mais aussi une bonne dose de néoprog, quelque chose qui s’insinuera de plus en plus au fil de l’album, et il se termine par des paroles sur une basse en forme de violoncelle, des flûtes dansantes et des claviers tourbillonnants. Soudain, nous sommes en territoire Hawkwind, après un voyage de neuf minutes. C’est facilement le morceau le plus long de l’album et c’est un bijou constant.

Ce neoprog atteint son apogée bien plus tard dans l’album avec Between You and Me, qui rebondit comme Marillion. La chanson-titre qui clôt l’album commence aussi comme les débuts de Marillion, avec une batterie qui ponctue de manière particulièrement reconnaissable – elle est présente tout au long de l’album comme une forme de ponctuation, mais elle sera familière aux fans des débuts de Marillion – mais elle évolue vers le territoire de David Bowie. Je crois que van der Holst est avant tout un batteur, et je trouve donc intéressant de me concentrer sur son travail à la basse et au piano plutôt que sur sa batterie, mais il résiste à l’envie de se montrer sur cette dernière tout au long de l’album, ce qui doit être difficile pour quelqu’un habitué au jazz.

L’autre influence évidente que je peux entendre est celle de Pink Floyd, mais c’est celle qui me semble la moins réussie. Je dois souligner que les morceaux qui vont dans ce sens sonnent bien, mais ils n’ont pas le mordant nécessaire pour vraiment fonctionner. Remember ressemble aux Floyd filtrés par Marillion, mais c’est un court instrumental sûr, même s’il se termine par une sorte de coda à la Barclay James Harvest. Ces derniers s’infiltrent également dans Lets Laugh, qui a un petit rebondissement, mais The Time Stands Still devient encore plus pastoral avec une couche de flûtes et des sections éthérées qui sonnent bien mais ne s’imposent pas, surtout sur un album avec des chansons plus vibrantes pour voler notre attention.

Dans l’ensemble, il s’agit d’un album de prog élégant. Bien qu’il soit plus léger, avec une voix douce et agréable à l’oreille de Gilkes, et que ses travaux instrumentaux ne prennent jamais le dessus, il y a toujours de la profondeur dans la musicalité, en grande partie celle de van der Holst. Il couvre beaucoup de terrain aussi et j’aimerais beaucoup entendre un autre album du One, même s’il décide de l’appeler le Two sur une deuxième sortie, surtout s’il écrit plus de chansons dans la veine épique de The Past Haunts Again.