Chroniques

Ghost – Phantomime (2023)

Pays : Suède
Style : Hard Rock
Note : 7/10
Date de sortie : 11 Feb 2022
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Comme je l’ai mentionné dans ma critique de leur album 2022, Impera, j’apprécie Ghost mais je ne suis jamais tombé amoureux du groupe comme l’ont fait tant de mes amis, souvent ceux qui ne sont pas des fans de rock/métal. D’une certaine manière, cet EP y contribue, car il montre que le groupe marche constamment sur une ligne très difficile que peu de gens sont capables de franchir. Je parle des reprises et du délicat exercice d’équilibre qui consiste à se les approprier sans les réinventer. D’une manière ou d’une autre, ces cinq chansons sonnent comme les originaux, qui sont très variés, mais aussi comme Ghost. C’est un exploit impressionnant.

Enfin, je suppose qu’elles le sont toutes, car je ne connais pas du tout le morceau d’ouverture. C’est See No Evil, une chanson de Television qui n’est pas Marquee Moon, celle que tout le monde semble reprendre et que personne n’a vraiment de raison de reprendre, à l’exception d’un joker comme le Kronos Quartet. J’ai probablement entendu l’original mais je ne le reconnais pas, je ne peux donc pas le comparer sans le rechercher et je veux préserver mon ignorance pour l’instant afin de contrer le fait que je connais les quatre autres. Encore une fois, je ne connais pas le deuxième, qui est un choix inhabituel de Genesis, Jesus He Knows Me, mais je connais Genesis et cela sonne très fort comme le Genesis de l’époque de Phil Collins, donc je peux supposer que c’est assez proche.

Le reste, je le connais. Toujours dans un esprit apparemment punk, il y a aussi Hanging Around des Stranglers, sorti en 1977, la même année que le morceau de Television, et Phantom of the Opera, un joyau d’Iron Maiden de l’ère Paul Di’Anno qui m’a toujours semblé être une savoureuse combinaison de prog rock à l’ancienne qui était fermement en dehors du paysage musical britannique de 1980 et de l’énergie de la NWOBHM qui était fermement à l’intérieur, avec le premier album de Maiden à l’avant-garde de ce mouvement. Bien sûr, ces deux albums dirigés par Di’Anno contiennent aussi beaucoup de punk, mais il n’y a pas de punk dans We Don’t Need Another Hero de Tina Turner, si ce n’est chez les wastelanders du clip vidéo.

C’est toute une gamme, des chansons pop de Genesis et Tina Turner au heavy metal énergique d’Iron Maiden, en passant par le son post-punk de Television et des Stranglers. Cependant, ces chansons sont en quelque sorte fidèles à leurs originaux, conservant quelque chose de leur essence et Papa Emeritus IV changeant légèrement de voix à chaque fois pour s’y adapter, tout en restant cohérent avec l’approche de Ghost. On a l’impression qu’il s’agit d’un album de Ghost, ou du moins d’un EP, étant donné qu’il est bouclé en vingt-quatre minutes, ainsi qu’un certain nombre de reprises.

Cet accomplissement inhabituel est l’aspect le plus impressionnant à mes yeux. Ce sont toutes de bonnes chansons qui vont bien ensemble, même si elles ne semblent pas devoir l’être, et c’est un véritable exploit. Y a-t-il quelque chose qui me convertira à la fanbase enragée de Ghost, cependant ? Non, mais je vais élever mon respect d’un cran. Aussi agréables que soient ces versions et aussi bien qu’elles s’intègrent dans le cadre de Ghost, aucune d’entre elles n’est essentielle. Elles sont toutes agréables, mais aucune n’était vraiment nécessaire.

Et je ne peux pas vraiment mettre en avant un point fort parce qu’elles font toutes le même travail de la même manière. Il se peut que je finisse par opter pour le Fantôme de l’Opéra, simplement parce que c’était mon préféré au départ. Certes, Papa Emeritus ne fait pas le  » oh yeah  » du début et ils ne gardent pas le passage caché de la fin qui a surpris les DJs depuis plus de quarante ans, mais c’est une reprise qui ne m’énerve pas du tout, ce qui est une victoire, et qui impressionne vraiment, ce qui en est une autre. Ce n’est pas Maiden, il a perdu un peu de son énergie, mais ce n’est pas grave. Peu de groupes ont l’énergie qu’ils avaient à l’époque.

Je n’avais pas prévu de faire d’aujourd’hui une journée EP, mais c’est ainsi que les choses se sont passées. J’ai placé celui-ci en deuxième position, car Ghost est de loin le plus grand nom de nos jours, non seulement ici aux États-Unis mais aussi à l’échelle internationale, mais si je ne pouvais en garder qu’un, ce serait sans hésiter le Pendragon. Et puis je pourrais ajouter le premier album d’Iron Maiden parce que ça fait longtemps.